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I

Toute l’économie du Soudan dépend étroitement de son hydrographie. Les énormes masses liquides accumulées par les pluies équatoriales dans le centre oriental de l’Afrique se sont frayé un chemin vers la Méditerranée à travers des marécages, puis à travers les sables de la zone tropicale. Elles se réunissent en un grand fleuve, le Nil Blanc que rejoint, en aval de Khartoum, à près de 4 000 kilomètres du lac Victoria ; le Nil Bleu, sorti du lac abyssin Tsana. A partir de ce point, le fleuve ne reçoit plus qu’un seul affluent digne de mention, l’Atbara, rivière torrentielle qui joue un rôle important dans la formation de la crue, et dont la source jaillit en Abyssinie. Longtemps considérée comme un phénomène inexplicable, la fameuse crue, qui subitement, à époque fixe, enfle les deux Nils et leurs tributaires, est simplement la manifestation de la saison des pluies[1].

Dans les régions du Haut Nil et de l’Atbara, jusqu’en Abyssinie, dans celles du Bahr et Ghazal et du Bahr et Zaraf, cette saison dure du printemps à l’automne. Les pluies, qui tombent vers cette époque en Abyssinie, grossissent le Sobat dès le milieu d’avril. La crue du Nil Bleu commence en mai, elle est bientôt suivie de celle de l’Atbara. Le Bahr et Zaraf, le Bahr et Ghazal, le Nil Blanc et leurs tributaires grossissent légèrement en mai et battent leur plein en juillet et en août.

Les divisions naturelles du Soudan répondent aux divers régimes de ses eaux pluviales ou fluviales. Aussi son territoire est-il loin d’être homogène. Somme toute, la majeure partie des deux millions et demi de kilomètres carrés dont il est formé se compose de déserts stériles qui contiennent des filons et des minerais, de surfaces liquides et de marais, pour le moment inutilisables. Le surplus, — terres cultivables, bois, pâturages, — semble fertile ou riche en produits naturels. Sur les points arrosés par la pluie et sur ceux que recouvrent les crues du fleuve et des rivières, on trouve des terres susceptibles d’un bon rendement, là toutefois où les eaux peuvent s’écouler.

  1. Voyez P. Arminjon et B. Michel : Les irrigations en Égypte et les projets récens du gouvernement égyptien, dans la Revue des Deux Mondes du 15 septembre 1906.