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— ses inscriptions et ses monumens l’attestent, — conserva les traditions helléniques dont elle était redevable à l’Egypte des Ptolémées.

Le christianisme semble s’être répandu assez tardivement dans le Soudan. Quelques principautés chrétiennes y florissaient au moment de la conquête arabe de l’Egypte qui eut lieu un siècle plus tard, parfois battues en brèche par les tribus païennes qui les entouraient, et des ruines intéressantes d’édifices religieux nous en transmettent le souvenir[1]. Elles conservèrent leur foi, leur langue et leurs mœurs durant plus de sept siècles, grâce à la résistance que le royaume de Nubie, maître du territoire compris entre Assouan et la jonction des deux Nils, opposa aux efforts répétés des musulmans d’Egypte. C’est seulement au XVe siècle que tomba ce royaume. Les marchands arabes ne cessèrent, par la suite, de propager leur langue et leur religion et convertirent les indigènes à l’Islam, ceux des territoires du Sud et de l’Est exceptés. Après avoir conquis l’Egypte en 1517, Selim, sultan de Constantinople, envahit l’Abyssinie et reçut la soumission du roi nègre de Sennar, depuis quelques années en possession du Soudan occidental et qui professait l’islamisme. La souveraineté des maîtres de l’Egypte sur les territoires au Sud de la seconde cataracte fut d’ailleurs nominale et ne devint effective qu’en 1820[2].


III

Cette année-là, Mohamed Ali envoya son fils Ismail et son gendre Mohamed conquérir le Soudan.

Cette guerre dura deux ans. Le pacha semble l’avoir entreprise pour occuper son armée, exterminer chemin faisant les derniers Mameluks réfugiés en Nubie et surtout trouver dans cette région riche en ivoire, en plumes d’autruches, en ébène, en or, en esclaves, les ressources financières que nécessitaient ses vastes projets de réforme intérieure et d’extension territoriale. Elle fut extrêmement cruelle et eut pour fruit la

  1. A. J. Butler, Ancient coplic churches of Egypt, 2 vol. (1884) ; — Somers Clarke, Christian antiquities in the Nile Valley. Oxford, 1912. La mission déléguée par l’Université de Pennsylvanie a déblayé plusieurs églises en Basse-Nubie et y a découvert des inscriptions, des peintures murales, des lampes, des calices et autres objets religieux ; — G. S. Mitcham, Churches in Lower Nubia, vol. 2, 1910,
  2. F. A. Wallis Budge, The Egyptian Sudan, part II, chap. 1 a 12.