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Ce réseau s’enrichira-t-il du tronçon de belle longueur nécessaire au succès du fameux projet du chemin de fer du Cap au Caire (le souci de l’allitération n’a pas permis de prolonger le chemin de fer en question jusqu’à Alexandrie) ? On peut en douter ou tout au moins penser que cette grande conception restera d’ici très longtemps une coûteuse chimère. On se demande en effet quelle raison, autre que celle qui se tire d’un titre sonore, impose l’établissement d’une voie ferrée à travers les marais du Haut-Nil et les déserts de Wadi-Halfa à Assouan, alors que le fleuve, lorsque son lit sera nettoyé, offrira un admirable chemin mobile.


VII

L’œuvre la plus urgente était le développement des voies de communication et d’accès. Des moyens de transport puissans et réguliers sont indispensables au maintien de l’ordre et de la tranquillité, à l’accroissement de la production, qui ne saurait être obtenu sans débouchés, enfin au succès des travaux d’irrigation qui sont destinés à transformer l’agriculture du Soudan et qui demandent des matériaux et une main-d’œuvre qu’on trouve là-bas rarement sur place.

Encouragé par les représentans des filateurs anglais de coton et assuré de l’appui du trésor britannique, le gouvernement soudanais a jugé en 1913 que le moment était venu de doter les parties les mieux situées du pays d’un système d’irrigation imité de celui qui donne des résultats, somme toute satisfaisans, dans la vallée inférieure du Nil.

Des deux millions et demi de kilomètres carrés qui forment la superficie du Soudan égyptien, quelques centaines de milliers d’hectares sont cultivés. Cette aire incroyablement exiguë varie chaque année suivant l’abondance et la fréquence des pluies, la hauteur et la durée de la crue des cours d’eau. Les dernières années se sont caractérisées par une sécheresse anormale et il en est résulté une disette. Pour que la production agricole du Soudan soit assurée, pour qu’elle se développe quantitativement et qualitativement, il faut que l’irrigation y soit organisée dans toutes les régions où elle est possible.

Il y a deux procédés d’irrigation. Le plus simple, qui a été exclusivement pratiqué en Égypte, jusque vers le milieu du