Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE SCIENTIFIQUE

LA POUDRE

On peut montrer, comme nous l’avons vu, en partant de considérations toutes théoriques et d’ailleurs fort simples, que les substances explosives doivent être composées par l’association de corps combustibles (charbon, soufre ou hydrogène) donnant des produits gazeux, et d’un corps comburant, l’oxygène, celui-ci étant utilisé sous la forme de composés où il entre sous un volume réduit, c’est-à-dire de composés solides. Nous avons vu aussi qu’a priori ceux de ces composés qui sont à rendement oxygéné maximum, et que la nature fournit le plus facilement, sont ceux du chlore et surtout de l’azote.

Telles sont bien les conditions remplies par le plus ancien et le plus longtemps employé des corps explosifs connus, la poudre noire. Mais comme il arrive souvent et même généralement dans l’histoire des découvertes, ce sont uniquement l’empirisme et les tâtonnemens qui ont fait inventer cette poudre, et nullement des considérations spéculatives. C’est un jeu facile après coup de refaire par la théorie toutes les découvertes et de dire : on pouvait les prévoir. En fait, on ne les prévoit guère, car du choc hasardeux des faits et des phénomènes jaillissent plus d’étincelles que de toutes les ratiocinations du monde, et même dans le domaine qui semble le plus soumis à la spéculation, — je parle de la spéculation qui a son siège dans les méninges et non de celle qui trône à la Bourse, — même dans le domaine de la science, le fait est souverain, et la pensée, si vive qu’elle soit, ne peut généralement que se traîner dans son sillage impérieux.

C’est ainsi que la découverte de la poudre n’a résulté que de longs