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L'HISTORIEN
DE
« L’EMPIRE LIBÉRAL »

Le dix-septième et dernier volume de l’Empire libéral parait posthumément, et parait dans des conjonctures qui rendent plus pathétique, terrible même, la lecture de cette grande œuvre. Avec quelle angoisse nous parcourons, guidés par le ministre de Napoléon III, la route ancienne de nos malheurs : âpre route, bordée de tombeaux et au bout de laquelle on aperçoit la fosse entr’ouverte où peu s’en est fallu que la France ne fût couchée ! Route bordée aussi d’avertissemens et, si l’on peut ainsi parler, d’allusions à l’avenir. D’étape en étape, nous découvrons, entre les deux époques, des analogies dont nous frissonnons et, grâce à Dieu, des différences qui nous imposent un bel espoir. Vieille d’un demi-siècle bientôt, l’histoire que nous lisons, nulle prescription certes ne l’avait close : un prodigieux regain de vie la tire du passé. Je ne crois pas qu’il y a quinze mois nous fussions prêts à examiner les actes du second Empire avec une tranquille sérénité ; mais aujourd’hui l’honnête impartialité nous demande un immense effort. Et pourtant, si les fautes qui ont été commises, — fautes de toute sorte et si nombreuses qu’elles forment une longue chaîne de méticuleuse fatalité, — ne manquent pas d’exciter, en même temps que notre chagrin, notre rancune ; et si la malchance continue qui fut le surcroit des fautes nous abreuve d’une amertume insupportable ; et si nous en venons (pourquoi le