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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/361

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UN GLORIEUX CENTENAIRE

MARIGNAN

Il n’est sans doute guère d’écolier chez nous qui, récapitulant les grands événemens de notre histoire, n’ait observé, au moins comme moyen mnémotechnique, leur singulière fréquence au début, au milieu et vers la fin des grands siècles, et notamment vers leur quinzième, leur cinquantième et leur quatre-vingt-dixième année. Serait-ce que, par quelque rythme mal connu et pourtant logique, les événemens tendent à se grouper d’eux-mêmes suivant une certaine périodicité, concordant avec la durée moyenne d’une génération d’hommes ? Il y a là des problèmes qui dépassent peut-être notre compétence. Bornons-nous donc à constater ici que les années 1914-1915 ont marqué dans l’histoire politique de la France, et notamment de son rôle dans l’équilibre général de l’Europe, toute une série de centenaires, diversement heureux, mais également importans.

Qui ne sait que, dès 814, la mort de Charlemagne, en laissant aux mains d’un prince incapable l’empire d’Occident, à la fois germanique et latin, reconstruit par son génie, avait été le point de départ de ce morcellement indéfini de l’Europe, qui devait, onze siècles durant, armer les unes contre les autres les civilisations rivales, respectivement nées de cette double inspiration ? Quatre cents ans plus tard, les divers élémens constitutifs des nations européennes ont, en s’agglomérant çà et là, sous la forme féodale, retrouvé assez d’idéal commun et de