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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/625

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quantitativement inférieure, même sans l’invasion, pour les tissus, les vêtemens de laine et de coton, les sacs et emballages, etc., aux besoins de la nation armée ; une marine insuffisante, de façon qu’en réquisitionnant le 60 pour 100 de la flotte française, l’Etat n’a tout de même pas ce qu’il lui faudrait pour ses mouvemens maritimes ; dans les ports, aucune installation suffisante pour recevoir les marchandises qui s’importent et qui sont pourtant inférieures aux nécessités ; pas d’usines de réfrigération, pas même d’entrepôts de viande réfrigérée si ce n’est en vue du transit, et encore ? Une consommation nationale non accoutumée à ces adjuvans de l’alimentation et à qui on les offre dans les plus mauvaises conditions ; un manque d’expansion et par suite d’organisation au dehors qui rend les achats à l’extérieur plus difficiles et plus onéreux ! Le protectionnisme a fait de nos forces économiques ce que l’anti-militarisme avait fait de nos forces militaires et a encouru l’apostrophe célèbre à Varus. Il n’est que temps de réagir !

Il faut le faire comme on l’a accompli sur le terrain militaire, par l’action, par le travail, et on reconnaîtra notre souci de ménager les intérêts nationaux engagés dans les combinaisons protectionnistes lorsque nous demandons simplement que le protectionnisme se complète et se démalthusianise à la fois par le correctif des zones franches qui l’accompagne partout, sauf en France.

Mais nous demandons que ce correctif nécessaire intervienne immédiatement, en raison de deux considérations maîtresses.

La première est que si les négociations économiques qui termineront la guerre trouvent les zones franches instituées et en cours de fonctionnement, elles en tiendront compte et la partie de la production française dont les zones franches sont appelées à permettre l’écoulement, en bénéficiera ; tandis que si leur établissement est renvoyé à la paix, il faudra faire pour leurs produits de nouveaux accords qu’on ne voit pas très bien venir se surajouter après coup aux grands traités économiques de la fin de la guerre.

La deuxième et dernière considération est l’absolue nécessité d’exporter tout de suite, pour rétablir un certain équilibre entre nos importations et nos exportations. Au mois d’août 1914,