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Melzicourt, un peu en amont de Servon, se dirigeant droit vers l’Est. Il coupe la route de Servon à Vienne-le-Château et pénètre à cet endroit dans le bois de la Grurie, avec des saillans et des rentrans, jusqu’à la Fontaine-aux-Charmes, qui se trouve au milieu de ce bois. A partir de là, il s’infléchit vers le Sud, coupe le ruisseau de la Fontaine-aux Charmes, à environ un kilomètre de la Harazée. Ici un nouveau coude. La ligne s’infléchit une fois encore vers le Sud, jusqu’à trois cents mètres seulement du Four-de-Paris. Elle se dirige ensuite vers l’Ouest, dans le bois Bolante.

Avec ses innombrables « saillans » et « rentrans, » cette ligne est toute en dents de scie. C’est là justement ce qui doit la rendre si difficile à défendre !

Les officiers des corps d’armée que nous venons relever nous donnent une foule de renseignemens sur notre nouveau secteur. Ces renseignemens se résument en ceci : « La tâche sera rude. Nous sommes en présence d’un adversaire admirablement outillé pour cette guerre sous bois, enhardi par quelques succès partiels et désireux coûte que coûte de poursuivre sa progression. »

C’est le XVIe corps (Metz), un des meilleurs et, incontestablement, des mieux entraînés de l’armée allemande qui se trouve en face de nous.

Nous avons eu affaire à la Garde, durant la bataille de la Marne au marais de Saint-Gond et, un peu après, devant Reims ; dans la région d’Ypres, au XVe corps (Strasbourg). Ce dernier corps et celui de Metz sont à beaucoup d’égards supérieurs à la Garde.

Le général commandant le XVIe corps est von Mudra, un sapeur très versé dans la guerre de mines. Il a à sa disposition quantité de pionniers.

Tous les dix jours, à peu près, les Allemands, après l’avoir soigneusement préparée par des travaux de sape, font une violente attaque sur l’un de nos secteurs.

Tels sont les renseignemens que nous donnent des hommes qui vivent ici, depuis quatre mois. La besogne dont on nous charge promet donc d’être assez malaisée.

Je profite des deux premières heures que j’ai de libres pour aller voir, non loin d’ici, le général Gouraud, qui a été blesse ces temps derniers.