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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/649

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D’ailleurs, le terrain entre notre première ligne et la tranchée prise ne permet pas un plus grand déploiement de forces. Il est inextricable, couvert d’abatis et de chevaux de frise.

Notre dernière compagnie apporte du matériel, sacs à terre, bombes et grenades qu’elle fait passer aux combattans.

L’ennemi renouvelle sans cesse ses attaques en utilisant des boyaux ; il parvient à se glisser au milieu de notre ligne. Il est chaque fois repoussé. A partir de midi, il bat très violemment la ligne occupée, nos première et deuxième lignes avec du 77, du 105 percutant et des Minenwerfer. Le terrain est bousculé, nos tranchées très endommagées. Le bataillon qui garde en arrière notre première ligne de défense subit des pertes, sans sortir de ses tranchées (cinquante-trois blessés, une vingtaine de tués).

Entre treize heures trente et quatorze heures, sur notre droite, les Allemands lancent une contre-attaque en masse et à la baïonnette : elle est brisée par notre fusillade. Mais, peu après, ils reviennent à la charge et poussent par tous les boyaux convergens, jetant les explosifs par paquets. Le jet de bombes devient de plus en plus violent, particulièrement sur la droite, où tous les chasseurs sont l’un après l’autre mis hors de combat.

Vers seize heures trente, cette partie de tranchée est perdue, ses défenseurs tués. Le commandant, depuis le matin, se dépense sans compter ; debout sur le parapet, il crie : « Hardi, les chasseurs ! Tenez ferme ! » Il tombe frappé d’une balle au front.

Le général commandant la division donne l’ordre d’amener un autre bataillon en réserve et de lancer ce qui reste du bataillon en contre-attaque. Mais ce nouvel effort ne peut s’effectuer, tant en raison de l’encombrement du terrain que par suite du manque de bombes.

L’ennemi prend alors de flanc l’autre partie de la tranchée ; il y attaque nos troupes, homme par homme, par un jet de bombes ininterrompu. Nos soldats mettent deux heures à faire deux cents mètres en perdant environ 40 pour 100 de leur effectif. Peu à peu, la tranchée occupée se vide et nous nous replions sur nos positions. Le général commandant la division donne l’ordre de se consolider sur notre front et d’y tenir solidement.

Notre artillerie n’a cessé d’appuyer l’infanterie. Toutefois, à