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En dehors des billets du gouvernement, que nous avons énumérés en parlant de la Dette publique, existent des billets de banque de deux catégories, ceux des banques nationales et ceux des banques fédérales de réserve. Les banques sont extrêmement nombreuses aux Etats-Unis, où elles jouent un rôle actif. L’usage des chèques est très répandu : l’Amérique est le pays où la proportion des paiemens effectués sous cette forme est la plus forte. Les dépôts des particuliers dans les différentes catégories d’établissemens dépassent 19 milliards de dollars, soit 100 milliards de francs, si on prend le dollar au pair de 5 francs 18, et de 114 milliards, si on le compte au change de 6 francs, coté passagèrement au mois de septembre 1915.

La circulation fiduciaire se compose de 346 millions de dollars de greenbacks, c’est-à-dire de billets du gouvernement, dont l’origine remonte à la guerre de Sécession ; de certificats d’or émis par la Trésorerie en représentation de l’or qui lui est déposé, de certificats d’argent délivrés par elle en échange de dollars d’argent qui lui sont remis. Il n’est d’ailleurs plus frappé de ces dollars, ce qui fait que le chiffre des certificats d’argent reste à peu près stationnaire : depuis une dizaine d’années, il oscille entre 470 et 484 millions. La seule partie de la circulation fiduciaire qui soit élastique est celle qui émanait jusqu’ici des seules banques nationales et qui, depuis la loi du 23 décembre 1913, est également alimentée par les douze banques fédérales de réserve.

Dans le système des banques nationales, institué il y a un demi-siècle, la garantie directe des billets était constituée uniquement par des rentes de la Confédération. Il en résultait que c’était le volume de la Dette publique qui gouvernait celui de la circulation, et non pas les besoins des échanges. Une fois la totalité des titres de rente disponibles immobilisés par les banques nationales, celles-ci ne pouvaient plus augmenter d’un dollar le chiffre de leurs billets. Cette observation, à elle seule, condamne le système ; le vice en est apparu à maintes reprises. Lors de la dernière crise, en 1907, le gouvernement a été jusqu’à émettre un emprunt, alors qu’il n’avait aucun besoin d’argent, uniquement pour fournir aux banques des titres qui pussent leur servir à gager une augmentation de leurs billets. En 1908, une loi, connue sous le nom de Vreeland-Aldrich Act, autorisa les banques nationales à se grouper, dans