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monter les cours des valeurs locales et permettra aux Européens qui en possèdent de les réaliser dans des conditions favorables. Ces ventes procureront des remises et feront baisser le dollar en Europe.

D’autre part, nombre de publicistes anglais ont affirmé qu’avec un léger effort, il serait facile aux consommateurs britanniques de réduire leurs achats de beaucoup d’objets importés. Il semble qu’en dépit de la guerre, les particuliers, non seulement n’aient pas restreint leurs dépenses, mais, sous certains rapports, les aient augmentées. De toute façon, il est du plus haut intérêt de suivre ces évolutions qui ne se sont jamais produites avec une ampleur pareille et qui démontrent, d’une façon saisissante, la justesse des théories sur le change enseignées par les économistes.

Si des expéditions d’or se poursuivent d’Europe vers les États-Unis, il ne faut pas oublier que l’année 1914 avait été le témoin d’un courant en sens contraire, et qu’au 30 juin 1915, l’excédent net des importations d’or aux États-Unis, pour les douze mois écoulés, n’était encore que de 25 millions de dollars. Ne nous effrayons pas de voir quelques milliards de métal jaune passer d’un hémisphère à l’autre. Ces réserves, constituées en temps de paix, sont destinées à être employées en temps de guerre. Nous ne doutons pas un seul instant qu’aussitôt le calme ramené dans le monde, l’ancien ordre de choses réapparaîtra, et que l’agriculture, l’industrie et le commerce français redresseront la balance des échanges en faveur de notre pays.


V. — CONCLUSION

La guerre qui se poursuit depuis quatorze mois a touché les États-Unis moins que toute autre nation du globe. Si, au début, elle a amené une perturbation du change dans un sens qui leur a été défavorable et provoqué une dépréciation passagère du dollar, l’équilibre n’a pas tardé à être rétabli, et la balance à pencher de l’autre côté. Les exportations de matières premières et d’objets fabriqués, suspendues pendant les débuts de la campagne, n’ont pas tardé à reprendre avec une intensité croissante. Les douze mois de l’exercice financier américain 1914-1915 qui, a trente jours près, coïncident avec la première année de guerre, ont été marqués par un excédent d’exportations vers