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température acceptable ; puis on cherche à adapter le moteur à vapeur, si perfectionné déjà et si bien connu, aux exigences toutes nouvelles de la navigation sous l’eau ; on cherche, mais, à vrai dire, on ne réussit guère : chaleur intense, production quasi inévitable de gaz nocifs, etc., etc. A la vérité, d’ingénieux esprits, — Nordenfeldten tête, — pensent vaincre ces difficultés par des détours adroits : on marchera en plongée avec de la vapeur accumulée dans un récipient ad hoc pendant la marche en surface ; ou bien, sous l’eau, on se servira de carburans spéciaux et l’on évacuera les gaz, les fumées sous pression ; ou bien encore on aura, comme combustible, un mélange d’hydrogène et l’oxygène comprimés donnant de la vapeur immédiatement utilisable dans les machines. Mais des difficultés pratiques à peu près insurmontables se révèlent jusqu’au moment où, — assez récemment, — un ingénieur français présente une remarquable et originale chaudière auto-accumulatrice qui semble satisfaire à tous les besoins en répondant à la plupart des objections. Entre temps, les moteurs à combustion interne, empruntés, en fait, à l’automobilisme, ont fait leur apparition, précédés d’ailleurs par les moteurs à explosion. Mais, tandis que ceux-ci sont considérés comme dangereux, ceux-là, les Diesel, du nom de leur principal constructeur, — un Allemand qui avait d’abord travaillé en France, — sont délicats, d’une mise au point difficile, défauts qui, aux yeux de quelques-uns, balancent les avantages d’un excellent rendement thermique et d’une remarquable économie de combustible.

J’en passe. Le point intéressant est que, dans cette confusion extrême, il semble que le principe directeur ait été le plus souvent perdu de vue. Ce qu’il fallait avant tout, en effet, — et l’on s’en aperçoit bien aujourd’hui à la lumière crue des opérations de guerre, — c’était de s’affranchir de la servitude du double moteur, le thermique pour la navigation en surface, l’électrique pour la navigation en plongée, avec, comme inéluctable conséquence, la nécessité de revenir sur l’eau au moment le plus inopportun, souvent, dans le seul dessein de refaire, avec le moteur de surface, la charge des accumulateurs du moteur de plongée.

Que de sous-marins ont été déjà capturés et détruits, ou, tout simplement, obligés de se rendre parce qu’ils étaient surpris au début ou au cours de cette délicate et intempestive opération !…