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le cas où le submersible de grande taille ne pourrait pas s’enfoncer suffisamment pour échapper aux vues verticales des avions ou des dirigeables.

En somme, c’est le sous-marin du large, le submersible de croisière qui doit être, de tous, le mieux pourvu, le mieux outillé, le mieux armé. Ce n’est qu’au point de vue de la vitesse qu’il le cédera au seul submersible d’escadre. On peut donc admettre, dès maintenant, que ce type atteindra, le premier, le plus fort tonnage, les 2 000 tonnes en surface qui apparaissent comme un idéal assez facilement réalisable.


Je voudrais avoir réussi à montrer, comme j’en exprimais l’espoir au début de cette trop rapide étude, quelle est la diversité des objectifs militaires auxquels les navires de plongée peuvent avoir à satisfaire. Il en est d’ailleurs exactement de même des navires de surface, et c’est pour avoir perdu de vue cette simple vérité, — notamment en ce qui touche la guerre de côtes, — que nous nous sommes, à plusieurs reprises déjà, trouvés dans l’embarras dans la guerre actuelle. Il est donc naturel et de la plus simple logique que, d’un côté comme de l’autre, sous le plan d’eau comme au-dessus, la variété des types réponde à la variété des tâches qui incombent à l’instrument de guerre, à l’engin de combat.

On sait quel est le retard où, après une si belle avance, nous nous sommes laissé entraîner, plus encore par des idées fausses que par une imprévoyante timidité, en ce qui touche la constitution de notre flotte sous-marine. N’insistons pas aujourd’hui sur des responsabilités d’ailleurs mal définies. Laissons là le passé pour fixer notre attention et porter notre effort sur l’avenir. Construisons des sous-marins. Hâtons-nous d’en construire. Qui sait si, même dans cette guerre, ils ne nous rendront pas des services ? Mais ce que l’on peut dire en tout cas et sans méconnaître en quoi que ce soit les signalés services rendus par des hommes d’une haute valeur, c’est que ce ne sont plus, maintenant, des sous-marins d’ingénieurs qu’il nous faut : ce sont des sous-marins de militaires.


CONTRE-AMIRAL DEGOUY