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tâcher d’augmenter ses rentes et à se passer de la France. Mme  de Holzing n’en attend rien et écrit que ce retard de la pétition n’a été inventé que pour donner le temps de corrompre des voix. Nous avons parlé de la princesse Mathilde, qui lui plaît, et qu’elle trouve, comme moi, être la seule femme qui convienne à son fils. Elle est de mon avis aussi que, si cela doit se faire, il faut que ce soit cette année même, parce que si la princesse passait encore deux ans à Florence, elle ne pourrait plus s’habituer à la vie paisible d’Arenenberg. Il est vrai de dire que son père, tout en la gâtant beaucoup, la tourmente si bien qu’elle pourrait se trouver heureuse d’être hors de sa tutelle. Toute cette après-midi, il l’a tenue enfermée chez elle à s’occuper. Le soir, j’ai mis en train des petits jeux pour l’amuser. Mon Prince s’y est prêté de bonne grâce, le prince Jérôme en se faisant tirer l’oreille ; et nous avons fait beaucoup de bruit, M. Conneau a fait le nain, nous avons dansé et, en nous quittant, la Princesse m’a demandé de venir jouer à quatre mains avec elle avant déjeuner. Hier donc, sitôt que j’ai été habillée, je suis descendue au salon, où elle est bientôt venue me rejoindre avec Mme  de Reding.

Après déjeuner, elle a joué avec son cousin, puis dessiné. À quatre heures, Elisa est venue me rappeler pour jouer un duo de harpe et piano avec elle. Les princes Louis et Jérôme nous ont quittées pour aller au spectacle à Constance, ce qui contrarie fort la Princesse. Après le dîner, nous avons lu un article du Temps sur le projet de pétition qui a été présenté samedi à la Chambre, où l’on dit qu’il ne faut pas laisser rentrer Joseph ni Louis, puisque ce sont des prétendans, mais qu’on devrait laisser rentrer les autres. Tout cela fait qu’on s’occupe deux et leur fait plaisir.

Jeudi 14 avril.

… Les jours où le Prince va au spectacle, la Princesse fait l’économie de ses jolies épaules. Hier, elles ont reparu dans tout leur éclat. C’est une coquetterie bien innocente et bien permise dans sa position. Je suis partie avec Elisa, M. Conneau et le prince Ernest pour Constance. Au moment du départ, la Reine a grondé le dernier de son peu de docilité. Le prince Jérôme allait faire une visite à M. de Zeppelin, et notre Prince restait avec sa jolie cousine. Nous sommes arrivés fort tard ici.