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chez M. Macaire. Le Prince devait aller avec elle, mais s’y refusa…

C’était le lendemain mardi 23 octobre, que le Prince partait pour aller à Hechingen chasser. Dans la soirée, il me demanda si je ne lui donnerais pas un mot pour Fanny… J’ai écrit un petit mot que j’ai fait mettre dans l’antichambre pour qu’il le trouvât le lendemain matin… M. Arese avait accompagné le Prince jusqu’à Schaflouse. En revenant, il fit les complimens du Prince à ces dames en leur disant qu’il reviendrait lundi pour les voir encore…

Je ne sais plus comment se passa cette semaine… Un jour, nous parlâmes, M. Arese et moi, de Gottlieb, du prince de Montfort, de l’état de leurs affaires, de leurs dettes et du mariage du Prince avec la princesse Mathilde, dont M. Arese se fait la plus charmante idée d’après ce que le Prince lui en a dit, et il a bien raison de dire que, ce mariage convenant au Prince, c’est la première chose.

Arenenberg, mercredi 9 novembre.

Après cette affreuse nuit[1], j’avais besoin de parler de mes tortures à quelqu’un : Je fis appeler M. Cottrau pour qu’il vînt causer auprès de mon lit ; mais, même dans ces cruelles circonstances, son esprit de contradiction se trouvait partout, Quand, revenant sur le passé, je lui disais qu’il m’était pénible d’avoir perdu la confiance de la Reine et que je fusse la seule à ignorer le mariage de son fils, il prétendait qu’il n’avait pas été question de ce mariage, que le Prince n’y avait pas consenti, comme si ce que M. Arese m’avait dit n’était pas positif et même l’empressement que M. de Persigny eut plus tard à voir le portrait de cette charmante princesse Mathilde…

Lundi 21 novembre.

Dans sa longue lettre d’aujourd’hui, Laure m’écrit : « Si la princesse Mathilde consent à aller épouser en Amérique son cousin exilé, cela me donne d’elle une meilleure opinion. Mais tu m’étonnerais au-delà de toute expression si cette dernière sottise qu’il vient de faire ne te dessillait pas un peu les yeux

  1. Au retour de Strasbourg et de Kehl, après l’échauffourée et l’arrestation du prince Louis. Voyez la Revue du 1er août.