Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son territoire à tout l’Empire allemand, la Silésie non comprise. Sa frontière du côté de la Nigérie n’était pas encore établie. Quant à ses limites d’avec l’Afrique équatoriale française, si elles résultaient de l’accord de 1911, il fallait encore en préciser la place sur les lieux mêmes. Le vieux Cameroun comptait en 1910 2 700 000 habitans, parmi lesquels 1 455 Européens, dont 1 311 Allemands.

Divisé en vingt-quatre provinces, celle de Garua, avec 530 000 habitans, et aussi celle de Kusseri, peuplée de 430 000 indigènes, en constituaient les deux parties administratives les plus importantes par leur population et leur étendue.

On remarquera peut-être avec un certain étonnement, que cette terre africaine soumise au pouvoir du Kaiser contenait une montagne dont l’altitude pourrait presque porter ombrage au roi des pics européens. Le mont Cameroun, en effet, mesure 4 070 mètres d’altitude. Sa base fortement boisée abrite, ainsi que tout le pays, une, faune variée. L’éléphant par sa masse se trouve à une des extrémités d’une liste très variée d’animaux. Chimpanzés et gorilles foisonnent dans les forêts ; la brousse cache des léopards d’un grand modèle et les rivières sans nombre servent toutes aux ébats d’alligators.

Cette vaste colonie, après les arrangemens de 1911, six ou sept fois plus grande que le Togo, se présentait à l’activité européenne comme une terre encore vierge de tous progrès. Elle affectait surtout dans sa pointe septentrionale la forme d’une canine gigantesque. C’était d’ailleurs, sans hyperbole, un des points d’appui principaux des visées allemandes d’outre-mer. En se servant du Cameroun comme d’une base solide, le gouvernement de Berlin comptait bien pouvoir dépecer en Afrique l’avoir d’autrui et s’attribuer, là comme partout, les dépouilles de ceux qu’il espérait réduire à sa merci.

Nous l’avons dit précédemment, ce fut en 1884 que l’explorateur allemand Nachtigall planta sur le Togo les couleurs de son pays. Vers cette date, c’est-à-dire en juillet 1884, le même voyageur pénétrait au Cameroun et déclarait cette terre désormais allemande.

En 1902, le lieutenant Pavel atteignit le grand lac Tchad, qui forme l’extrême frontière septentrionale du Cameroun. Il y trouva, il est vrai, non seulement les Anglais, mais encore les Français qui l’y avaient devancé.