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suivant la N’Goko avec 150 hommes et 2 mitrailleuses. La garnison française du poste ne comptait que 60 hommes. Elle opposa une défense héroïque. Malgré cela, ses munitions s’épuisant, elle dut battre en retraite, profitant de la nuit, et se dirigea sur Ouesso, tandis qu’une patrouille envoyée à Nola prévenait le colonel Hutin. La position de cet officier devenait critique. Il était menacé de voir ses communications avec Ouesso coupées. Ce fut alors que, laissant 100 hommes à Nola, il redescendit la Sanga avec la ferme décision de forcer le passage. Heureusement, le général Aymerich, commandant supérieur des troupes de l’Afrique équatoriale française, arrivé à Ouesso le 21 octobre, se rendit compte de la situation. Il était venu sur les lieux pour inspecter la Sanga. Se portant au secours du colonel Hutin avec une partie de la garnison d’Ouesso et 135 mitrailleurs belges, accompagnés d’un canon de 47 Nordenfeld, d’un canon Krupp et d’une mitrailleuse, le 26, il embarqua ses troupes sur deux steamers de rivière. Le vapeur belge Luxembourg et le Commandant-Lamy, des Messageries fluviales, étaient à quai, prêts à être utilisés.

Le lendemain, la rencontre se produisit. L’ennemi était fortement retranché à N’Dzimou. Le combat fut acharné. La colonne franco-belge dut se replier à Ouesso. Mais, quelques heures après, les Alliés revenaient à la charge. Après deux jours de lutte violente, l’ennemi se retira à son tour, car il venait d’apprendre l’approche de la colonne Hutin : il allait se trouver pris entre deux feux.

Le groupe franco-belge avait subi des pertes sérieuses : 2 Européens et 3 indigènes étaient tués et 56 blessés. La petite colonne belge avait perdu 3 tirailleurs tués et 11 blessés. Mais les Français étaient maîtres de tout le cours de la Sanga, les Allemands s’étant retirés vers N’Goko.

A peine la jonction s’était-elle faite entre le corps commandé par le général Aymerich et la colonne Hutin que celle-ci reçut l’ordre de reprendre la marche dans la vallée vers le N’Goko. Il fallait ne pas perdre le contact avec l’ennemi. Un nouveau détachement de 225 tirailleurs belges était mis à la disposition des Français par le gouverneur général du Congo belge. Le transport des troupes eut lieu par voie fluviale. Des chaloupes allaient à la file indienne sous la protection des flancs-gardes. Celles-ci marchaient parallèlement l’une à l’autre sur les deux rives.