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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/53

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disposition considérable d’un projet essentiel, je pense qu’il y a un parti préférable à l’abstention, c’est de chercher à se rapprocher des esprits sages et modérés pour trouver ensemble quelques combinaisons nouvelles ou des dispositions modificatives de nature à adoucir la mesure qu’on regrette. De la sorte, je crois mieux servir les intérêts du pays. »

Ces appels aux « esprits sages et modérés » ne furent pas toujours pris comme il l’eût voulu, ni à droite ni à gauche. A droite, on avait essayé de gagner du temps de peur d’engager la discussion sur la forme du gouvernement trop tôt, avant de s’être assuré des dispositions du prétendant qui devait, — comme beaucoup le craignaient, — tout compromettre. On combattait donc, sinon ouvertement, du moins par des mesures dilatoires, le travail qui, à ce gouvernement qu’on appelait, tantôt le gouvernement de l’Assemblée nationale, tantôt le gouvernement de M. Thiers, devait donner une forme, des fonctions, des attributions méthodiquement concertées. M. Bérenger fut de ceux qui voulurent qu’on fermât la porte trop ouverte, selon lui, à des négociations qui laissaient la France entière en suspens. Très résolument, il demanda qu’on se mit immédiatement à une besogne qu’il estimait urgente et plus pratique, celle de la refonte des institutions et en premier lieu celle des institutions judiciaires. De là cette proposition qu’il déposa le 5 avril 1873, malgré les murmures de bien des collègues dont il était cependant très estimé : « L’Assemblée se prononcera sur la forme définitive du gouvernement avant de nommer la commission chargée de l’étude des projets de loi sur l’organisation des pouvoirs publics. »

Ce n’était point là chez lui, on peut le croire, une question de théorie ou de philosophie politique, encore moins une question de parti ou de secte. Il fallait, pensait-il, se décider sans retard, donner au gouvernement les organes dont il avait besoin et faciliter ainsi ses fonctions maîtresses en vue du travail législatif. Plus tard, si des nécessités nouvelles se manifestaient, la nation serait toujours maîtresse de ses destinées. A deux reprises, l’orateur insista pour déclarer qu’il reconnaissait d’avance tout droit à une révision totale ou partielle de la Conslitution ; et quand vint la proposition d’expulsion des Princes, il demanda qu’on les admît au contraire dans l’armée à titre définitif fit il protesta contre la loi d’exil avec la dernière