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dirigées contre la Commission, à un moment où elle venait de faire disparaître de son projet les expressions qui pouvaient y donner lieu, je crois que les critiques qui divisent doivent s’effacer. Je retire mon amendement. » Dès lors, plus d’un orateur de la Droite rendit hommage à ce langage « plus conciliant et plus patriotique, » dirent-ils, que celui de beaucoup de ses collègues.

Ainsi, plus tard, devait-il combattre, et avec plus de résolution encore, l’article 7. Il soutint que les lois existantes ne pouvaient pas s’appliquer aux congrégations non autorisées. « Quand j’aurai reconnu, s’écria-t-il à la tribune, le danger de la doctrine des Jésuites, quand j’aurai reconnu qu’ils sont les adversaires de la société moderne, quand j’aurai reconnu, — et je ne le reconnais pas, — qu’ils sont des conspirateurs acharnés contre nos institutions, je demanderai : ne leur devez-vous pas la liberté ? » Ce fut encore sous l’empire de ces sentimens qu’après avoir soutenu pendant quelques mois l’un des ministères de Waldeck-Rousseau, il se sépara nettement de lui.

Sans doute, il ne faisait point d’opposition aux mesures nouvelles qui devaient rendre, — on s’en flattait, — l’instruction élémentaire de la jeunesse plus solide, plus lumineuse, plus scientifique, en même temps que plus favorable aux aspirations contemporaines. En un mot, il acceptait très bien qu’on exigeât désormais le brevet de capacité de tous les instituteurs privés ou publics, congréganistes ou laïques. Il pensait d’ailleurs, et il tenait à le faire observer, que le développement des écoles de tout genre rendait l’obtention de ces brevets plus accessible pour tout le monde. Seulement, il n’admettait pas que l’on donnât à la loi un effet rétroactif. Pour faire passer cette mesure, contraire à l’esprit de toute loi, on déclarait digne d’être « flétri, » — c’était l’expression lancée dans les débats, — l’ancien système de la lettre d’obédience. Le débat entre M. Bérenger et Jules Ferry fut alors très vif. Le premier protesta hautement ne pas accepter la condamnation si dédaigneuse d’un état de choses « digne de toute reconnaissance pour les services importans et glorieux qu’il avait rendus au pays. » Le ministre essaya de calmer l’orateur : il lui offrit des promesses, des transactions et des ménagemens. Fidèle à ses préoccupations constantes, l’orateur expliqua que précisément il voulait exclure toute complaisance parce que toute complaisance est