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le 2e régiment demeure en alerte : si le front de l’Yser, autour de Dixmude, ne donne aucune inquiétude immédiate, les choses ne vont pas aussi bien à Nieuport où il est exact que la ligne belge a été fortement bousculée. Ordre est venu de détacher à son aide un bataillon de la brigade. Lequel ? On ne le sait encore, sauf qu’il sera prélevé sur le 2e régiment. Dans l’après-midi, après une visite de taube, on apprend que le choix de l’amiral s’est porté sur le 1er bataillon (commandant de Jonquières) ; des autobus l’emmènent le soir même à Oost-Dunkerque.

Nous retrouverons plus tard ce bataillon, qui contribuera brillamment à la prise de Saint-Georges et qui fera pour ainsi dire bande à part pendant un certain temps. Les deux autres bataillons du 2e régiment cantonnés à Pollinchove (commandans Pugliesi-Conti et Mauros) n’y feront eux-mêmes que passer et retourneront le 29 aux tranchées de Caeskerke, où ils se relaieront. Mais le 1er régiment ne rentrera en action que le 5 décembre. Ces neuf jours de répit seront employés à remettre les unités en état, à former les « nouveaux, » à rééquiper les anciens. Ce ne sera pas le cantonnement idéal, tel qu’on aurait pu l’avoir à Fort-Mardyck ou à Petite-Scynthe ; l’empilement des hommes, les difficultés de l’approvisionnement, les visites de taubes, les surprises des marmites et cette atmosphère d’espionnage qui nous enveloppe depuis le début des opérations, rendront même ce cantonnement assez dur ; le dégel, la pluie, le vent, toutes les intempéries d’une nature hargneuse, qui semble de connivence avec l’ennemi, ajouteront aux insuffisances des locaux et de la nourriture. Mais, enfin, ce sera la trêve, sinon le repos complet. Et à tout le moins les hommes pourront « se déverminer ; » les médecins et les « ingénieurs » de la brigade étudieront des systèmes de chauffage de tranchées pour l’hiver. On sait fort bien que, si l’ennemi a « renoncé » sur Dixmude, ce n’est que pour recommencer la poussée sur un autre point de la ligne, et il est sage de « prendre ses précautions en conséquence. »

D’ailleurs, quoique moins favorisés, les deux bataillons détachés aux tranchées de l’Yser et qui font partie, avec trois sections de mitrailleuses, d’un groupe de toutes armes sous les ordres du colonel Boischut, ne laisseront pas, eux aussi, de goûter quelque répit et, à tour de rôle, cantonneront à