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Thirion, plus brutal, est aussi plus explicite. Il réclame la fixation des prix par l’Etat et dénonce comme suspects tous ceux qui ne voudront pas mettre ainsi un frein à la cupidité des riches accapareurs.

« Voilà les ennemis qu’il faut enfin réprimer. — Le maximum est un moyen sûr, et c’est le seul capable de remplir cet objet. »

La Convention a désormais compris la menace ; elle hésite encore, mais elle va céder sous la pression de l’opinion publique. Elle a peur : c’est le régime de la terreur. Un conventionnel, Giraud, l’avouait, moins de deux ans plus tard, en parlant de la loi sur les accaparemens, et il disait :

« On demanda des bornes à ce qu’on appelait la cupidité mercantile. Cette accusation fut accueillie avec tant de faveur qu’inutilement aurait-on voulu faire entendre quelques vérités.

« Une accusation plus grave aurait pesé sur la tête de celui qui l’aurait osé. »

La Convention céda et adopta successivement tous les projets qui ubstituaient partout la contrainte à la liberté.

Examinons cette législation avant d’en marquer les résultats.


LES LOIS DE MAXIMUM. — LES MESURES ARBITRAIRES. LE DÉCHET SUR L’ACCAPAREMENT

Le 4 mai 1793 un décret consacre et précise la politique nouvelle de l’Assemblée.

Tout propriétaire, tout détenteur de grains et de farine est tenu de faire la déclaration des quantités qu’il possède, et les officiers municipaux sont autorisés à pratiquer des visites domiciliaires pour vérifier l’exactitude de ces inventaires. Une pénalité sévère, la confiscation, frappera les cultivateurs et les marchands qui n’auraient pas fait la déclaration prescrite ou qui se seraient rendus coupables soit de dissimulation, soit de fraude.

Toute vente doit avoir lieu, en principe, sur les marchés. Les particuliers ne peuvent s’approvisionner chez les agriculteurs ou les marchands que pour assurer leur consommation durant un mois, et seulement après avoir obtenu un certificat délivré par l’autorité municipale.

Les corps administratifs et municipaux ont le droit de réquisitionner pour garnir les marchés, ils peuvent même