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peu nombreux. Los ordres du gouvernement leur interdisaient toute action offensive, de sorte que l’ennemi, attaquant à l’heure et au point qu’il s’était choisi, réussit à pénétrer en territoire belge. Le 24 septembre, il s’empara de l’ile de Kwidjivi qui domine le lac, détruisit la station frontière de Goma, sur la rive et lança à travers le pays des forces régulières précédées de milliers d’indigènes Watuzi qu’ils avaient armés de fusils perfectionnés. Ces bandes sauvages brûlèrent les villages sur leur passage, massacrèrent les habitans mâles et emmenèrent en captivité les femmes et les enfans. Ce fut la guerre africaine, barbare et féroce, telle que le Congo l’avait connue vingt années auparavant, lorsque les Arabes esclavagistes dominaient la province orientale.

L’invasion fut promptement enrayée. Les renforts arrivaient par toutes les routes de l’intérieur du Congo. Bientôt une première colonne se concentrait à Rutshura sous les ordres du lieutenant-colonel Henry et descendait vers le Kiva par le défilé de Burunga. Les bandes Watuzi furent balayées et leurs débris regagnèrent le territoire allemand, après avoir abandonné le produit de leurs razzias. Les Belges les poursuivirent et se heurtèrent, le 4 octobre, aux troupes régulières qui couvraient la retraite de ces auxiliaires. L’affaire s’engagea dans la plaine de lave que domine le mont Lubavu. Elle se prolongea pendant neuf heures et fut d’une extrême violence, ainsi que l’atteste la proportion élevée des pertes subies de part et d’autre, représentant 20 pour 100 de l’effectif engagé. La nuit mit fin au combat. Les Allemands se retirèrent en repassant la frontière toute proche. Les troupes noires belges s’étaient comportées admirablement. Au nombre des morts du côté belge se trouvaient les lieutenans Robert Terlinden et de l’Epine, tués l’un et l’autre à la tête de leur troupe au cours de l’attaque finale qui détermina le succès de la journée.

L’engagement du 4 octobre 1914 arrêta les incursions de l’ennemi sur le territoire belge. Mais, à diverses reprises, il tenta des attaques. Toujours elles furent repoussées, le 27 novembre à Rushombo, le 1er janvier et le 3 mars 1915 à Tshahafi, le 14 février à Luvungi, le 2 mars au mont Hehu. Ces rencontres confirmèrent la valeur des troupes coloniales belges. Finalement, le 28 mai 1915, elles prirent à leur tour l’offensive, franchirent la frontière et s’emparèrent du poste de Kissegnics.