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L’EMPRUNT NATIONAL 5 %
DE 1915


Les finances sont un des côtés essentiels de la lutte mondiale qui se poursuit. On le dit depuis longtemps, on l’a peut-être trop dit. Une confiance naturelle dans notre supériorité sur ce terrain a endormi notre prévoyance dans d’autres domaines : à force de répéter que l’argent est le nerf de la guerre, certains de nos hommes d’État ont oublié qu’il n’en est pas le seul. Heureusement que nos alliés et nous sommes en voie de regagner le temps perdu et que bientôt notre outillage en armes et en munitions ne le cédera en rien à celui de nos ennemis. La qualité de nos soldats fera le reste. Les dramatiques événemens qui se déroulent depuis le 1er août 1914 ont justifié ce que nous écrivions ici même le 1er mai 1912, lorsqu’en étudiant la force financière des États, nous avertissions nos compatriotes de la nécessité de s’armer pour défendre leurs trésors contre les convoitises d’un adversaire aux aguets.

Ceci dit, nous nous garderons bien de ne pas estimer à sa juste valeur la puissance financière de la Quadruple Entente, au sein de laquelle l’Angleterre et la France tiennent, sous ce rapport, le premier rang. La façon dont nous avons jusqu’ici fait face aux dépenses de la campagne, est la preuve indiscutable des ressources pour ainsi dire illimitées de notre pays. Ce n’est qu’à la fin du seizième mois qui suit l’ouverture des hostilités que nous allons procéder à l’émission d’un emprunt consolidé. Depuis août 1914 jusqu’en décembre 1915, nous avons réussi à couvrir tous nos besoins au moyen des impôts, des avances de la Banque de France, des Bons et des Obligations