Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/822

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE RAPPROCHEMENT RUSSO-JAPONAIS
ET
LA QUESTION CHINOISE

Il y a quelques mois, des interviews retentissantes de personnages japonais considérables semblaient faire pressentir une prochaine venue des troupes du Mikado sur les champs de bataille de l’Europe, ainsi que le demandaient d’ailleurs au début de la guerre des hommes politiques de premier plan, tels que MM. Clemenceau et Pichon ; ensuite, on parla d’une alliance russo-japonaise, puis on annonça la mort de la jeune république chinoise, qui devait être enterrée des propres mains du chef de l’Etat ; enfin, on vient d’apprendre l’opposition faite par le Japon et ses alliés à ce projet du président.

Ces derniers faits surviennent plusieurs mois après une période de difficultés diplomatiques au sujet de la position prise par le Japon en Chine, après le retentissement que ces difficultés ont eu en Europe même. L’aspect politique de l’Extrême-Orient se modifie, la position respective des Puissances se trouve, du fait de la guerre, considérablement changée, des questions anciennes se posent de nouveau, et le tout apparaît dans un ciel quelque peu voilé de brouillard. Le nombre des Puissances intéressées, la complication de leurs intérêts respectifs, font de la situation un vrai labyrinthe.

Afin qu’on puisse plus facilement saisir le fil conducteur permettant de se retrouver dans les méandres de celui-ci, nous nous proposons d’exposer ici le développement des rapports, d’abord hostiles, puis cordiaux, du Japon et de ta Russie, la politique collective des Puissances et son résultat, ainsi que la situation réelle de la Chine et de son gouvernement.