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province viticole et minière de Negotin, n’a été achevé que pendant l’été de 1915, et dans des conditions sur lesquelles nous sommes mal fixés ; le gouvernement serbe a fait rajuster et renforcer des voies étroites établies par des entreprises industrielles, mais il n’a pas eu le temps de lancer sur le Danube le pont qui devait, à Prahovo, unir les rives serbe et roumaine, non plus que de créer le port fluvial projeté devant cette même ville. A l’autre extrémité des Balkans, un autre projet, dont l’exécution ouvrirait à la Russie méridionale et à la Roumanie un accès sur la mer Egée, est celui d’un chemin de fer Silistrie-Choumla-Yamboli continué sur Andrinople par une voie déjà existante ; il n’en peut plus être question avant la paix. En somme, lorsque éclata la grande guerre, au milieu de 1914, les seuls services internationaux des Balkans, qui coïncident avec ceux de la Compagnie des Wagons-Lits, étaient ceux de l’Europe centrale à Constantinople par Nich-Sofia-Andrinople ; Nich-Salonique et la « Jonction ; » enfin Bucarest-Constantsa et la Mer-Noire. Rien n’était organisé dans le sens perpendiculaire, car le service Sofia-Varna par Plevna, bien que coupant les Balkans, rentre logiquement dans la série des communications entre l’Occident et le Levant ; le Danube-Adriatique avec toutes les variétés qu’il comporte, barrage latino-slave sur la ligne de la poussée germanique, demeure une espérance de l’avenir.


Les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913, qui ont refait la carte politique de la péninsule, ont aussi modifié profondément l’existence des sociétés de chemins de fer de l’ancien domaine ottoman ; il en est de même, à plus forte raison, de la grande guerre en cours, dans laquelle successivement la Serbie, la Turquie, puis la Bulgarie, — peut-être la liste n’est pas close, — ont pris parti dans l’un ou l’autre des camps belligérans. La Compagnie des Orientaux a subi des amputations progressives, qui correspondent exactement à celles de l’Empire turc lui-même ; elle avait été formée sous le régime de la suzeraineté du Sultan, plus ou moins formelle, sur toute la région des Balkans ; elle se morcela en même temps que cette suzeraineté. Un premier coup lui fut porté en 1908, au moment de la proclamation de l’indépendance bulgare : le gouvernement de Sofia s’empara des sections de ligne situées dans l’ancienne Roumélie orientale, soit environ 300 kilomètres