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encore, qui disparaîtront sans doute dans un temps très prochain.

Pour véhiculer des passagers, en effet, il nous faut des appareils de grande dimension, et ils doivent présenter une entière sécurité. La dimension met en jeu des forces proportionnées. Le pilote, obligé de manœuvrer par le seul effort de ses bras et de ses jambes, ne pourra conduire sans fatigue les instrumens de grande envergure que grâce à des mécanismes auxiliaires multipliant sa propre force. Mais tout mécanisme est sujet à des enrayages, dont le moindre, si court fût-il, compromettrait, en l’état actuel des choses, la vie des passagers.

C’est ainsi que la question de la dimension est liée à celle de la sécurité. Cette dernière a été envisagée par beaucoup d’inventeurs. Leurs solutions se répartissent entre deux catégories. Ou bien, comme l’infortuné aviateur Moreau, on confie à un mécanisme automatique le soin de ramener l’aéroplane dans une position sans danger dès qu’il en prend une menaçante ; mais alors le même mécanisme, s’il est faussé, mettra l’appareil nécessairement en péril. Ou bien l’on se contente, comme M. Doutre, de donner à la main du pilote un aide automatique, vigilant, qui, au besoin, opère de lui-même le redressement voulu, mais ne s’oppose jamais au geste personnel de l’aviateur. Les pilotes préfèrent avec raison ce second type de sécurité au premier ; car il n’est pas de mécanisme qui ne manque à certains momens. Quoi qu’il en soit, les deux systèmes interviendront peut-être dans la solution définitive : les mécanismes rigides, sous une forme rendue assez sûre pour que leurs défaillances deviennent l’infime exception ; les autres, par des modèles assez puissans et assez sensibles à la fois pour permettre aux pilotes d’imiter Moreau et de se croiser les bras.

Ces garanties ne seront d’ailleurs suffisantes qu’avec l’adjonction d’un parachute pratique. Les expériences faites encouragent l’espoir d’un succès prochain.

On a trop de peine à se figurer encore le nombre de passagers d’un de ces aérobus futurs pour faire la comparaison avec les automobiles. On ne saurait donc dire quels effectifs s’en iront par les airs. On peut toutefois indiquer le nouvel appoint de vitesse apporté par l’avion, dans la mesure où il servira aux transports. Au lieu de 15 kilomètres sur route, nous en aurons