Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

emporte une douzaine d’obus. C’est encore peu, et c’est d’autant plus insuffisant que l’aviateur est à la fois incapable de s’arrêter pour rectifier son tir et de le diriger hors de la verticale.

Il n’est pas dit qu’on n’arrivera pas à réaliser la sustentation immobile par une hélice horizontale. Le colonel Renard a démontré qu’elle était aujourd’hui impossible, étant donné le poids par cheval de nos moteurs actuels. En admettant qu’on se heurte toujours à la même impossibilité, il est encore permis de se demander si l’on n’obtiendra pas des appareils capables de descendre lentement sur place, grâce à l’emploi de plans verticaux, qui maintiendraient la stabilité. Dans ce cas, l’aviateur pourrait momentanément rester à peu près au-dessus d’un point visé et rectifier son tir. On lui fournira sans doute, pour le faire plus aisément, des bombes à fumée, qui marquent les coups.

Un autre perfectionnement consisterait à lancer les bombes au moyen d’un petit mortier ou d’une sorte de catapulte, de façon à les faire partir horizontalement et à couvrir sur le sol, non plus seulement une piste linéaire, mais une bande large de 200 ou 300 mètres. L’aviateur, renseigné par la lecture de télémètres spéciaux et pointant au moyen d’alidades de tir, graduées pour tenir compte de ses mouvemens propres, comme celles qui servent au lancement des torpilles, étendrait ainsi à volonté son action à droite et à gauche de son sillage. Sur l’objectif choisi, il projetterait une gerbe d’obus calculée de façon que l’un au moins d’entre eux tombe sur une surface donnée, ou encore il balaierait un terrain en promenant en dessous de soi un rideau de feu.

Évidemment, ces méthodes de tir supposent un grand approvisionnement de projectiles. Mais c’est le point qui va dès maintenant bénéficier des premières améliorations. Pour combattre, comme pour observer, l’avion n’a pas besoin de plus de deux passagers. On est arrivé à les y mettre. La provision de combustible est aujourd’hui amplement suffisante. Nos aviateurs en ont donné la preuve en allant à 150 kilomètres de leur base bombarder Carlsruhe. Le rayon d’action n’est plus limité par la quantité d’essence, mais par la fatigue du pilote. Dans l’expédition que nous venons de rappeler, il a fallu rester six heures en l’air. C’est à peu près tout ce qu’on peut demander, dans des conditions pareilles, à un homme bien