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précipités de quatre ou cinq mille mètres, viendront se réduire, sur le sol, en bouillie et en fumée… à moins que d’ingénieux parachutes ne transforment leur descente en une agréable promenade.

Les escadres de l’air s’avanceront en ordre cubique, se mêleront en charges furieuses, feront retomber sur les campagnes une pluie de débris ensanglantés. L’horreur de ces luttes, qui obscurciront le soleil, dépassera tout ce que l’homme a connu. Et la flotte victorieuse, bientôt suivie, à quelques centaines de mètres du sol, par le convoi pesant des porteurs de bombes et de troupes, viendra s’abattre, comme un immense vol d’oiseaux de proie, sur le territoire du vaincu, jetant partout l’ombre, la mort et l’incendie.


III

Quittons ce domaine du vertige, pour redescendre sur les eaux. Elles seront le lieu de rencontre de trois races formidables : la chimère hydravion, accourant du haut du ciel pour se poser légèrement à la surface des flots ; une hydre, le sous-marin, qui n’émerge que par son œil périscopique ou son naseau respiratoire ; un monstre énorme, le cuirassé, protégé, sur ses flancs, sur son dos, sous sa coque même, par une lourde carapace.

La mer est prédestinée aux transports. Elle est la voie universelle. Le développement des peuples sur tous les continens la couvrira d’une foule innombrable de paquebots et de vapeurs de charge. Mais elle sera aussi le champ de bataille commun, où se joindront, aussi bien que dans l’air, les armées des États séparés par l’épaisseur du globe, où circuleront, en proie au vainqueur, les richesses du trafic international. La mer, étant par excellence le chemin des échanges commerciaux, doit être le lieu d’élection de la guerre. Elle offre enfin passage à l’invasion militaire par-dessus les océans. Le transport aérien des troupes est forcément borné aux hommes et au matériel léger. Le matériel lourd devra emprunter la voie maritime.

Bien que leur tâche première dans l’ordre chronologique soit en général la lutte contre leurs similaires, les forces navales ont