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Un rôle pour lequel les canaux offrent des avantages certains sur les chemins de fer est celui qui concerne l’évacuation des blessés, soustraits ainsi aux secousses des trains sanitaires. On pourrait doter des ambulances flottantes de tout le confortable nécessaire.

Des nombreux moyens de transport que nous venons de passer en revue, chacun a ses avantages, et tous serviront. Ils ne prêtent à comparaison que sur quelques points seulement. L’un est la vitesse ; nous en avons parlé. Un autre est la dépense : elle s’élève au maximum avec l’automobile de plein champ et surtout l’aéroplane ; elle tombe au plus bas avec le chemin de fer et surtout le bateau. Un dernier point a trait au nombre des hommes requis pour le service du mécanisme de transport, et par-là distraits des effectifs de combat proprement dits. Four l’autobus, il faut deux chauffeurs par 30 ou 40 fantassins et un personnel d’entretien qui peut égaler une fraction notable du personnel de route. Les automobiles légers et les avions Sikorski ne prendront peut-être jamais que quelques passagers : une forte proportion de l’effectif serait ainsi consacrée à conduire le reste. Et nous ne savons si par ailleurs on réalisera le grand vaisseau aérien. Un chaland mené par deux hommes pourrait contenir une compagnie d’infanterie ; un train reçoit un bataillon, pour trois ou quatre mécaniciens, chauffeurs et serre-freins. Mais le service des voies retient du personnel. Il est vrai que c’est en partie un personnel féminin ou peu valide. Enfin, sur un navire de haute mer, la proportion de l’équipage aux troupes peut être de 5 à 6 pour 100.


IV

Le machinisme aurait suffi à transformer la guerre, quand bien même il ne se fût appliqué qu’aux transports. Mais les armes en ont aussi bénéficié. Les principales d’entre elles sont des machines et comptent parmi les plus merveilleuses que l’homme ait conçues. Nous ne les décrirons pas. Tout le monde connaît maintenant les traits caractéristiques du 75. Il constitue la solution la plus parfaite d’un certain nombre de problèmes mécaniques. Le canon est le grand maître de la bataille actuelle. Il rend impossible la progression des troupes en terrain