Le contact des lignes est de plus en plus rapproché. Deux armes nous ramènent presque à la guerre du Moyen Age : la grenade à main et la mine souterraine. Dans ce pullulement de machines qui s’annihilent les unes les autres, il est curieux de voir le dernier mot revenir à un projectile lancé à la main comme la pierre, arme des premiers hommes. La grenade est une houle chargée de mélinite, retenue au poignet par un bracelet qui arrache, au départ, le rugueux de l’étoupille. Elle se lance à quinze ou vingt mètres ; mais on peut aussi l’adapter à une flèche poussée par une cartouche spéciale dans le fusil d’infanterie. Elle parcourt alors 400 mètres. Les grenades sont faites dans les usines de l’intérieur. Sur le front, on en fabrique l’équivalent, les pétards ou « boites à singe. » Ce sont des paquets de poudre, amorcés avec des mèches lentes, au moment de lancer. Ils sont fixés sur des planchettes en forme de raquette.
La guerre de sape est tout aussi archaïque. Elle remonte, sous sa forme primitive, à la plus haute antiquité. Son importance nouvelle tient à l’inviolabilité actuelle des fronts défensifs en tranchée et à la force de nos explosifs.
Ne pouvant plus avancer à découvert, on avance sous terre, en poussant une galerie sous la ligne ennemie. C’est ce qu’on a toujours fait dans la guerre de siège, où les fortifications permanentes rendaient aussi les fronts inviolables. La parade consiste en une contre-mine, galerie dirigée vers la mine adverse pour la rendre inutile. Autrefois, on visait à déboucher dans la mine ; maintenant, il suffit d’arriver à son voisinage, de préférence en dessous : on peut agir à distance, par suite de la portée des effets d’explosion à travers les terres. Mais cette portée se limite à quelques mètres.
Pour savoir où creusent les sapeurs ennemis, on écoute. Les appareils microphoniques permettront sans aucun doute d’entendre mieux qu’on ne fait encore, et d’éliminer presque entièrement la part de surprise qui caractérise la guerre de sape. Là aussi, le génie individuel cédera le pas à l’effort réglé et à la préparation collective. Le succès dépendra des questions de masse et de mécanisme.
Un premier emploi du mécanisme sera de creuser les galeries. Avec le travail à la main, on avance d’environ deux mètres par jour. Il existe des machines perforatrices qui abattent les