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LA DETTE FRANÇAISE

La France, qui avait réussi à financer les seize premiers mois de guerre sans créer de rentes consolidées, vient d’émettre un grand emprunt 5 pour 100, qui a obtenu un succès considérable. Sous beaucoup de rapports, cette opération de crédit se distingue de toutes celles qui l’ont précédée : à aucune époque de notre histoire, nous n’avons connu de chiffres approchant de ceux qui ont été proclamés à la clôture de la souscription.

D’autre part, certaines modalités étaient entièrement nouvelles et constituaient une véritable expérience tentée au regard de notre public. À ces différens titres, l’emprunt de 1915 mérite de retenir une fois de plus notre attention ; il convient, à cette occasion, de retracer l’histoire de la Dette française, que nous diviserons en cinq périodes : celle qui a précédé 1789 ; celle qui embrasse la Révolution et le premier Empire ; celle qui correspond à la Restauration, la monarchie de Juillet, la République de 1848 et le second Empire ; celle qui comprend la guerre de 1870 et la troisième République jusqu’en 1914 ; enfin, celle qui date de la présente guerre, et qui, en dix-huit mois, a apporté dans ce domaine des modifications plus soudaines et plus considérables que ne l’avaient fait des siècles antérieurs.

Même en tenant compte de la différence de valeur des monnaies d’autrefois et de celles d’aujourd’hui, les chiffres des engagemens du Trésor royal étaient peu de chose à côté de ceux du XXe siècle. Ils avaient cependant fini par provoquer de tels embarras que la chute de Louis XVI a été due en partie à la situation des finances publiques. Le désordre fut au comble au début de la seconde période, sous la Révolution. Mais