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s’approche davantage de la fin de la période d’amortissement. Cependant, les fluctuations de la rente amortissable n’ont pas toujours obéi à cette loi. En 1901, son cours le plus bas a été de 99,10, alors qu’au cours de la même année, le 3 pour 100 perpétuel n’est pas descendu au-dessous de 99,85. Au contraire, depuis que celui-ci est entré dans une ère de fléchissement, l’écart entre les deux fonds s’est tendu au profit de l’amortissable : en 1913, ce dernier fonds n’est pas descendu au-dessous de 87,50, tandis que le 3 pour 100 a reculé un moment jusqu’à 83,45. Aujourd’hui, le perpétuel est à 64, tandis que l’amortissable est à 75.

L’étude des cotes du 5 pour 100 nous fait remonter à la période révolutionnaire, au cours de laquelle le désordre financier l’avait fait tomber un moment au niveau invraisemblable de 9 ; il est vrai que, la même année, il remontait à 24. Sous le premier Empire, il atteignit son prix le plus haut, 93,40, le 27 août 1807. En 1814, il connut les points extrêmes de 45 et de 80. Sous la Restauration, il dépassa 110, en 1829 ; sous Louis-Philippe, il descendit au-dessous de 75, en 1831, et franchit 126 en 1844. La République de 1848 le vit, à ses débuts, tomber à 50, et dépasser notablement le pair au début de 1852. Il disparait alors pour faire place au 4 1/2, dont le plus bas cours, 75, fut enregistré en 1859, au moment de la guerre d’Italie, et le plus élevé, 118, en 1880, à la veille du boom de l’Union générale. Le nouveau 5 pour 100, créé en 1871, dépassa le pair dès 1874, 121 en 1881, et fut, en 1883, converti en un 4 1/2 qui ne vécut que dix ans et oscilla entre les cours extrêmes de 143 et de 111. Le 3 1/2, qui lui succéda, se négocia entre 100 et 109.

D’une façon générale, la cote de nos fonds publics a atteint son apogée à la fin du xixe siècle, à une époque où la paix semblait raffermie en Europe, où les capitaux étaient abondans, et où l’équilibre budgétaire avait été rétabli. Dès le début du XXe siècle, des événemens politiques et économiques sont venus modifier cette situation : un essor industriel considérable dans les diverses parties du monde, les guerres nombreuses qui se succédèrent, à de brefs intervalles, en Europe et en Asie, firent rouvrir le Grand Livre de la Dette de plusieurs États et provoquèrent une dénivellation générale des crédits. Au cours de cette période, nos fonds ont fléchi moins rapidement que ceux