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emprunt, on a soin d’imprimer à l’avance une grande quantité de titres et de les tenir prêts à être aussitôt livrés aux souscripteurs contre versement des espèces, au lieu de les obliger à passer par la filière d’un grand nombre de reçus provisoires et de récépissés successifs, on encouragera singulièrement les demandes de la petite clientèle, qui a tant contribué au succès et au classement immédiat de la nouvelle rente 5 pour 100. Ne perdons pas de vue que c’est la collaboration active, intelligente, ardente pourrions-nous dire, de la nation tout entière qui, en matière financière comme en matière militaire, assure le succès des opérations. Certes elle a besoin d’être guidée ; des chefs clairvoyans et résolus sont indispensables : mais dès qu’ils montrent la voie, ils sont suivis.

Un élément extrêmement important, qu’il ne faut jamais perdre de vue lorsqu’on étudie la Dette française, c’est le fait qu’elle est pour ainsi dire tout entière placée en France, possédée par nos nationaux. Certes, nous avons salué avec joie et fierté les souscriptions étrangères qui sont venues nous apporter le témoignage éclatant du jugement porté, non seulement par nos alliés, mais par les neutres, sur notre crédit. Mais nous devons constater que l’immense majorité des créanciers du Trésor, aussi bien en ce qui concerne les rentes consolidées que la Dette flottante, sont des Français. C’est là une force singulière pour nos finances, pour notre marché monétaire, pour celui des changes. La perte temporaire que notre monnaie subit par rapport à celle de certains Etats, qui nous fournissent en grandes quantités, le matériel de guerre supplémentaire dont nous avons besoin et pour le paiement duquel nous avons des sommes énormes à leur envoyer, est peu de chose à côté de celle qui atteint le mark allemand et la couronne autrichienne ; l’un est déjà ampute de 25, l’autre de 40 pour 100 de sa valeur. Ce sont là les signes d’un affaiblissement financier, dont la répercussion doit être profonde dans la vie économique des deux Empires du Centre. C’est l’un des effets de la maîtrise des mers, que l’admirable marine anglaise, en dépit des sous-marins teutons, assure si magnifiquement, avec le concours des flottes alliées, depuis le début des hostilités. L’arrêt d’un commerce extérieur qui permettait à nos ennemis de placer tous les ans des milliards de leurs produits au dehors, l’emprisonnement, dans leurs propres ports et dans ceux des nations