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LA POÉSIE CLASSIQUE
DANS
LES « MÉDITATIONS »

On a beaucoup parlé du romantisme des classiques. En recherchant dans les œuvres les plus fameuses du romantisme les traces de l’esprit classique, on ne se livrerait pas seulement au jeu facile qui consiste à faire ressortir la vanité des classifications et dénominations d’école. La question a une tout autre portée. Il s’agit de constater dans l’histoire de notre littérature, à travers les changemens qui sont la condition même de la vie, la persistance de certains traits par lesquels se caractérise l’esprit français. Les plus hardis novateurs, alors même qu’ils se font fort de rejeter l’héritage de leurs aînés, le recueillent et le continuent. C’est, au sens large et précis du mot, la tradition. Aujourd’hui plus que jamais nous en sentons le prix, et nous voyons avec certitude que le maintien de cette culture française intéresse directement les destinées du pays. Alors même que nous semblons nous détourner de notre passé et nous abandonner à des influences étrangères, nous restons fidèles aux tendances essentielles de la race. C’est la vérité à l’appui de laquelle une édition nouvelle des Méditations[1] nous fournit tout un arsenal de preuves et un luxe de documens.

Cette édition inaugure une deuxième série de la célèbre

  1. Lamartine. Méditations poétiques, nouvelle édition par M. G. Lanson. 2 vol. in-8o. Collection des Grands Ecrivains de la France. Deuxième série. — XVIIIe et XIXe siècles (chez Hachette).