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dès le XIe siècle prier le même Archange si pieusement adoré dans leur pays au mont de la Merveille.

De Foggia, par les riches campagnes de Cerignole où Gonsalve de Cordoue vainquit en 1503 l’armée française du duc de Nemours, par Canosa, lieu célèbre dans l’histoire des Normands d’Italie, où nous admirons le tombeau du fameux Bohémond d’Antioche, sorte de turbé oriental aux riches portes de bronze, élevé aux côtés de la cathédrale, nous gagnons Barletta, grand port de commerce au bord de l’Adriatique. Nous devons visiter dans cette journée les plus belles cathédrales, les dômes les plus illustres de l’Italie méridionale, ces monumens superbes aux façades imposantes, à l’aspect sauvage, aux grands porches dont les colonnes sont supportées par des lions ou d’autres animaux gigantesques, aux ambons admirables, aux tribunes sculptées avec un luxe prodigieux. Successivement nous visitons ceux de Barletta, de Trani, celui-ci, immense joyau architectural dans une position unique au bord de la mer, de Bisceglie, de Molfetta, de Giovinazzo. A Barletta encore il y a cette mystérieuse colossale statue de bronze d’un empereur byzantin. Le géant couronné, dont le nom véritable nous est inconnu, se dresse en pleine cité contre le mur d’une église. C’est un problème presque douloureux de ne pouvoir mettre un nom sur cette physionomie aussi auguste qu’inquiétante.

Je passe rapidement sur notre séjour à Bari. Cette plus riche cité des Pouilles, son dôme, sa vaste et sombre église de Saint-Nicolas, contenant les reliques du grand saint asiatique, jadis apportées de Phrygie, son très beau musée, sont mieux connus. C’est, là, la limite extrême de notre voyage. Le lendemain, nous commençons à remonter vers le Nord. Par Bitonto et Ruvo, possédant chacune une ravissante cathédrale, nous gagnons Andria, encore une ville illustre dans les fastes de la conquête normande. C’est de là que part la route qui mène au Castel del Monte, le légendaire château tant aimé de l’énigmatique Frédéric II, un des buts principaux de notre voyage. Déjà nous apercevons aux flancs du mont cette haute et immense silhouette dominant tout l’horizon. La route, très belle, a été refaite récemment pour permettre à l’empereur allemand de visiter plus commodément le château de son grand prédécesseur. L’automobile marche rapidement sur cette pente qui nous mène droit’à la forteresse. Nous l’avons tout le temps en face