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cabotage, sur 1 001 navires armés avant la mobilisation, il en restait 895 armés au 1er mars, soit une différence de 106, c’est-à-dire de 10 pour 100. Mais cette proportion ne doit pas nous surprendre. Des navires désarmés comprennent des plaisanciers, des transporteurs de passagers arrêtés faute de trafic, des navires qui ont déposé leur rôle pour faire de la navigation purement fluviale, etc. La mobilisation des inscrits parait donc avoir été sans inconvénient grave jusqu’au 1er mars 1915 sur l’armement français et si l’industrie maritime a rencontré des difficultés, la raréfaction de la main-d’œuvre n’a pas été la plus sérieuse, sauf pour la pêche que la Marine a atteinte volontairement, moins d’ailleurs par la mobilisation des gens de mer que par la réquisition des chalutiers. Les armateurs ont bien d’autres sujets de grief contre l’Etat ; celui qui a trait à la pénurie de matelots n’est qu’un accessoire de leurs cahiers de doléances !

Depuis le 1er mars toutefois, l’armement a été réellement contrarié dans la constitution de ses équipages, sans rencontrer cependant d’obstacles insurmontables. Ainsi que l’expose le rapport de la Commission de la Marine, il est très juste, en effet, que la loi du 8 août 1913, en statuant sur le passage à la Guerre de réserves inutilisées de l’armée de mer, n’avait pas envisagé la part de la flotte commerciale qu’il eût été prudent de ménager. Aussi, la Commission de la Chambre a-t-elle proposé de modifier l’article 11 de la loi du 8 août 1913, « afin, dit le rapport de la Commission, de parer aux graves inconvéniens d’ordre économique qui se sont révélés dès la première application de la loi. »

En conséquence, le nouveau texte édicté qu’en cas de mobilisation générale, les inscrits « qui se trouvent en excédent aux besoins de l’armée de mer et de la flotte commerciale fixés par le ministre, sont mis à la disposition du ministre de la Guerre. » Ces sages dispositions ont, en fait, été suivies avant la lettre et dans la mesure du possible. Si la Marine a recherché avec la dernière sévérité les inscrits inactifs, si elle a traqué les pêcheurs dont le maintien dans leurs foyers ne se justifiait à aucun titre ; en revanche, les recommandations qui ont été adressées aux administrateurs ont tendu expressément à faciliter le recrutement des équipages de commerce. Non seulement aucun marin effectivement embarqué n’a été atteint par la levée, mais