Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/851

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

modalités de la guerre sous-marine, ou plutôt des opérations des sous-marins.

Je ne commenterai pas longuement ces propositions, qu’étudient en ce moment les Puissances intéressées. Je me borne à remarquer que la rédaction de certains articles, — le cinquième, par exemple, — ne s’inspire point du sens des réalités. Aucun marin n’aurait consenti à poser en principe « qu’un navire marchand ne peut être coulé que s’il est impossible de le convoyer et, dans ce cas, les passagers et l’équipage doivent être mis en sûreté. » Un sous-marin ne peut évidemment pas convoyer un navire marchand. Il ne le peut pas, matériellement ; il le peut encore moins au point de vue militaire. Ce serait un suicide, un suicide généreux qu’il est difficile d’attendre de nos adversaires.

Quant à l’obligation de mettre le personnel du navire coulé en sûreté, qu’en peut faire le submersible et comment arriverait-il à résoudre le problème ? Un croiseur de surface de grande taille peut, — et difficilement encore, — prendre à son bord l’équipage et les passagers d’un paquebot de moyen tonnage qu’il s’est résolu à couler. On ne peut vraiment pas demander cela au mince fuseau de quelques centaines de tonnes où une vingtaine d’hommes ont peine à se mouvoir. Tout ce que peut faire le commandant du sous-marin, c’est de permettre aux malheureux qu’il vient d’attaquer, d’embarquer dans les canots avant que leur navire ne s’engloutisse. Mais ces canots sont toujours en nombre insuffisant. On les surcharge ; ils s’emplissent ; ils coulent le long du bord. Supposons qu’ils puissent s’éloigner et naviguer ? Que deviendront-ils, pour peu qu’un vent s’élève et que la mer grossisse ? D’ailleurs, point de vivres, point de vêtemens. On n’a pas eu le temps d’en prendre. Bref, trois fois sur quatre, il ne s’agit pas de sauver de la mort des créatures humaines, il ne s’agit que de prolonger leur agonie. Mais les « principes » sont, respectés.

Que ne peut-on dire aussi de cette clause (n° 4) de l’arrangement proposé, que « l’attaque du navire marchand doit cesser aussitôt que cesse la tentative de fuite ou de résistance ? »

S’imagine-t-on qu’un sous-marin allemand, qui aura commencé à canonner un paquebot en marche, s’arrêtera tout juste, quand celui-ci aura stoppé ? Sait-on qu’aux distances moyennes de tir et dans les conditions spéciales où se trouve un