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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/853

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grande nation civilisée, celle du respect des droits imprescriptibles et absolus de l’humanité.


Mais qu’adviendra-t-il, — et ici je rentre expressément dans mon sujet, — lorsque aux difficultés résultant des dispositions de la Maison-Blanche à l’égard des paquebots armés de la Quadruple Alliance, viendront se joindre les contestations plus graves et particulièrement aiguës, en raison des intérêts américains mis, là, directement en jeu, qui auront pour origine les opérations des croiseurs alliés de la mer du Nord et de la Manche, agissant exactement comme si une force navale alliée suffisante bloquait effectivement le littoral allemand de la Baltique ? Je ne me hasarderai pas à de vaines prédictions. Il suffit sans doute de dire qu’il y a là matière à sérieuses réflexions pour les Alliés, et particulièrement pour la Grande-Bretagne. Et, vraiment, la situation ne laisse pas d’être fort délicate pour cette dernière. Pour s’en rendre compte, il faut remonter à quelques mois en arrière et relire les passages les plus significatifs de la lettre de M. Balfour au sujet de l’attitude des Home fleets anglaises, lettre destinée à être publiée et qui a paru, le 7 septembre 1915, dans les principaux journaux français.

« Les hommes d’Etat allemands, dit le premier lord de l’Amirauté, étaient trop avertis pour supposer qu’ils pourraient immédiatement mettre à flot une marine égale à celle de la Puissance qui constituait le plus formidable obstacle à leurs projets de domination ; mais cependant ils ne mettaient point en doute les avantages que leur conférerait leur politique navale.

« Ils calculaient en effet qu’une flotte puissante, même si elle était numériquement inférieure à la flotte britannique, pourrait néanmoins tenir celle-ci en échec ; car aucun gouvernement anglais n’oserait risquer un conflit qui, bien que pouvant se terminer victorieusement, pourrait le laisser en définitive avec des forces navales inférieures à celles d’une tierce Puissance quelconque. »

Cette tierce puissance vis-à-vis de laquelle l’Angleterre ne veut pas être en état d’infériorité après une victoire navale trop chèrement acquise, cette tierce Puissance n’est pas quelconque. C’est l’Amérique, dont la flotte peut être en effet considérée comme ayant une valeur suffisante pour balancer la force