Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/869

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’indique de la main le bâtiment derrière moi. Le reste de la troupe s’est avancé ; un officier se détache à la rencontre de notre médecin qui accourt.

Un bref colloque entre eux, et le lieutenant, suivi de ses hommes, pénètre dans le sanatorium.

Immédiatement, commence une sévère perquisition. Toutes les pièces jusqu’aux moindres recoins sont visitées de fond en comble. On fouille les blessés français. Il leur est expressément interdit de conserver une arme quelconque, même une simple cartouche. Nous sommes rendus personnellement responsables, sous peine de mort, de la plus légère infraction à cette draconienne consigne. Encadrés de soldats, nous exécutons cette besogne de policiers, secouant et retournant les poches, palpant jusqu’aux chemises et aux tricots. Sans vergogne, nos gardiens s’attribuent l’argent, les portefeuilles, les montres, les couteaux que nous trouvons.

L’opération achevée et le butin partagé, ces messieurs procèdent à leur toilette. Ce n’est certes pas du luxe, car ils sont d’une saleté repoussante, sordides, boueux, le visage encrassé de poussière. J’échange quelques mots avec l’un d’eux : à l’en croire, ils ont remporté une victoire colossale ; dans quinze jours, ils seront à Paris.

Soudain, j’aperçois le poste demeuré près de la grille se ranger en hâte. Dix grandes* voitures gris verdâtre débouchent au tournant de la route. Des officiers à cheval les précèdent, au milieu d’une troupe nombreuse. Tous portent l’uniforme feldgraü, les officiers, la casquette plate, les hommes, le casque recouvert du manchon.

Ce sont les ambulances : un aumônier, deux sœurs de charité les accompagnent ; les médecins suivent en automobile.

Leur arrivée donne le signal d’une intense agitation. On vide le contenu des fourgons, on déballe les caisses de médicamens, les appareils de chirurgie. Je me vois obligé à regret de constater la perfection de l’outillage allemand. Tout est organisé, prévu dans le moindre détail. Si, dans leur préparation de la campagne, le reste est à l’avenant, les Alliés n’auront pas la besogne facile.

Los huit majors se mettent incontinent à l’ouvrage, après, nous avoir fait, sous leur surveillance, renouveler tous les pansemens. Auparavant, l’on nous a tous, à nouveau,