Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/903

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

van der Elst fit remarquer que, dans ce cas, il ne pouvait s’expliquer le but de sa communication. M. de Below dit que ces actes, contraires au droit des gens, étaient de nature à faire supposer d’autres actes contre le droit des gens que poserait la France. »

Une demi-heure plus tard, le projet de réponse à l’Allemagne était rapporté au Palais et approuvé définitivement par le Conseil sous la présidence du Roi[1].

Vers trois heures et demie du matin, le comte d’Ursel fut appelé au téléphone par M. KIobukowski. Celui-ci lui affirma avoir vu distinctement dans le ciel des lueurs intermittentes qui provenaient sans nul doute des projecteurs d’un dirigeable allemand allant dans la direction de la France… Plusieurs personnes avaient dit à M. KIobukowski qu’elles avaient observé les mêmes lueurs.

Peu après cet incident, je quittai le Ministère. La mobilisation mettait encore quelque animation dans les rues avoisinantes. Au coin de l’avenue des Arts et de la rue de la Loi, toutes les fenêtres du ministère de la Guerre étaient éclairées. Plusieurs automobiles stationnaient devant la porte.

Au carrefour, quelques groupes de civils et de militaires regardaient en l’air et paraissaient agités. Le bruit courait là aussi qu’un Zeppelin ou un autre dirigeable allemand avait été entendu et qu’une lumière insolite avait été vue circulant dans le ciel. Un officier du grand état-major qui se trouvait là était particulièrement affirmatif. Il supposait qu’un aéronef était venu pour recueillir des messages émis par un appareil de télégraphie sans fil de petite puissance. Il me confia cependant qu’il s’effrayait à la pensée qu’un vaste parc d’artillerie était concentré devant la caserne d’Etterbeek et que quelques bombes lancées à cet endroit eussent pu faire des dégâts effroyables et causer une panique. J’appris plus tard que l’ordre de gagner la forêt de Soignes et de s’y dissimuler avait été donné immédiatement à cette artillerie.

A huit heures du matin le 3 août, j’étais revenu au Ministère.

  1. Pour le texte, voir le Premier Livre Gris, n° 22. Je crois pouvoir affirmer que, jusqu’à présent, la réponse de la Belgique à l’ultimatum n’a jamais été publiée en Allemagne. Le peuple allemand a pu s’imaginer ainsi que le gouvernement belge n’a pas répondu et qu’il a donc, — qui ne dit mot consent, — paru accepter la demande de passage des troupes allemandes à travers son territoire… On comprend alors que la résistance de Liège ait provoqué en Allemagne quelque indignation !…