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cultés d’exploitation ont, jusqu’à présent permis, dans des conditions suffisamment favorables, la conservation des forêts dans ces hautes régions. Terrains gazonnés et forêts ont dans la formation des sources un rôle absolument prépondérant : c’est par les racines des herbes, des arbustes, des arbres que l’eau pénètre dans le sous-sol, ne reparaissant à la surface qu’après un temps plus ou moins long, généralement plusieurs semaines, parfois plusieurs mois. Ce phénomène, qui se produit à la suite des chutes ordinaires de pluie, a lieu dans des conditions encore plus favorables à l’alimentation des sources à la suite des chutes de neige, la lenteur et la périodicité de cette fonte permettant une absorption aussi complète que possible par le sous-sol de la tranche de pluie qu’elle représente.

Les observations de MM. les ingénieurs en chef Tavernier et Malterre, à ce sujet, donnent une explication des plus intéressantes de la persistance des sources alimentant les torrens pyrénéens, sources presque toujours, comme les lacs, situées entre 1 500 et 2 200 mètres d’altitude. Après avoir constaté que les lacs pyrénéens les plus nettement influencés par la fonte des neiges étaient ceux qui sont situés entre 1 500 et 2 200 mètres, ils ajoutent : « Cette fonte s’effectue à des époques très régulières et constitue un des phénomènes qui présentent la périodicité la plus remarquable… En un point donné d’un cours d’eau, à huit ou quinze jours près, elle commence et finit à la même époque, fait qui s’explique aisément, parce que les précipitations atmosphériques se produisant en hiver, se traduisent en haute montagne par la formation de neiges et de glaces correspondant à des périodes de l’année d’une durée relativement fixe, et représentent par suite une partie de la hauteur de pluie annuelle ne subissant que de faibles variations. »

II

Personne jusqu’ici n’avait envisagé d’une manière sérieuse la possibilité de voir l’industrie arrêtée par le manque de charbon : les craintes exprimées à ce sujet, par l’économiste anglais Jevons, en parlant de l’épuisement des richesses houillères de la Grande-Bretagne, restaient dans le domaine de ces curiosités scientifiques qu’on étudie avec intérêt, sans leur attribuer une portée pratique. L’épuisement des mines de houille pouvait être