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troupes d’Afrique ; enfin, deux denrées particulièrement appréciées du troupier, le café (24 grammes) et le sucre, dont la ration ordinaire (32 grammes) a été à bon droit doublée depuis les premiers mois de guerre. Le café est préparé bien entendu à la station-magasin, qui le reçoit vert et le fait griller, la plupart du temps dans des appareils spéciaux à grand rendement ; sinon, on se représente le nombre d’hommes et de brûloirs à café qui seraient nécessaires pour faire griller chaque jour de 4 à 6 000 kilos de café !

Pour ce qui est du vin, le traditionnel « quarté a été doublé pour les hommes du front, et ce n’est pas une petite affaire que l’envoi, chaque jour, pour 2 à 300 000 hommes, d’un demi-litre de vin par homme, et souvent plus, avec les dons généreux des viticulteurs qui n’entrent pas en ligne de compte dans ce chiffre. Certaines stations-magasins envoient chaque jour de 4 à 600 pièces ou barriques d’environ 228 litres ; ce simple chiffre suffit à indiquer l’importance de ce nouveau chantier. Il faut d’abord chaque jour réunir les milliers d’hectolitres nécessaires ; ils arrivent parfois par bateau, pour les dons des viticulteurs algériens par exemple ; plus souvent dans d’énormes wagons-foudres dont (chacun contient de ISO à 200 hectolitres. Il faut ensuite les « dépoter » ou transvider dans les barriques ou les fûts destinés à être envoyés sur le front. Mais auparavant, que d’opérations nécessaires ! Bien entendu, les stations-magasins n’emploient pas toujours de nouveaux fûts ; sinon, le pays n’eût jamais pu suffire à une aussi effroyable consommation. On fait donc revenir les barriques du front. On devine l’état de la plupart d’entre elles ; aussi a-t-il fallu créer de toutes pièces dans les stations-magasins un véritable atelier de tonnellerie. Heureusement, elles possèdent toujours, dans leur personnel d’ouvriers d’administration, des hommes de tous les métiers ; en cas d’insuffisance, les dépôts des villes de garnison environnantes fournissent le complément des tonneliers nécessaires. Tous les fûts, à leur arrivée, sont donc vérifiés, réparés, parfois démontés, une douve ou un fond changé, des cercles rajoutés ; ils sont ensuite nettoyés, passés à l’eau chaude, à la chaîne s’il y a lieu, souvent aussi soufrés ; après quoi, ils peuvent être remplis à nouveau sans crainte de détérioration pour le vin qu’on leur confie. Si bien qu’une station-magasin de quelque importance, avec son avance de