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pois pointus, fëverolles, orge, maïs surtout. Plusieurs de ces grains étant très durs, les chevaux n’auraient pu que difficilement les broyer ; l’avoine qui y était mélangée aurait subi le même sort : les chevaux l’auraient « bue, » au grand détriment de leur santé. Aussi a-t-il fallu procéder au concassage des grains trop durs, du maïs notamment, qui a été le plus employé jusqu’ici.

Une fois le concassage fait au moyen d’appareils spéciaux, il est nécessaire d’effectuer le mélange avec l’avoine. Comme ce mélange porte chaque jour sur des milliers de quintaux, il ne saurait être question de le faire à la pelle ; le travail serait à la fois beaucoup trop long et nuisible à la santé des hommes, à raison de la poussière intense soulevée. Il a donc fallu installer, à côté des concasseurs, des élévateurs mécaniques qui élèvent les quantités voulues d’avoine et de maïs jusque dans une cuve où s’effectue le mélange ; un ventilateur électrique enlève en même temps la poussière et améliore ainsi sensiblement la qualité de certaines avoines. Ici encore, pour peu qu’il s’agisse de livrer 2 à 300 000 kilos par jour, il a fallu créer de toutes pièces, en quelques jours, une véritable petite usine. C’est un bel exemple de régie directe ou par économie et, pour une fois, elle justifie ce nom d’économique que méritent si peu d’ordinaire les travaux directement effectués par l’Etat. L’outillage, marchant en général à l’électricité, a souvent été installé par les officiers mêmes de la station-magasin, dont les plus compétens s’improvisent ingénieurs, et les appareils fonctionnent sous leur direction, surveillés et réparés, le cas échéant, par les électriciens ou mécaniciens pris dans le personnel. Cent à cent cinquante hommes sont ainsi occupés sans trêve, souvent même de nuit en cas d’urgence, à décharger, concasser, mélanger et recharger les milliers de sacs d’avoine ou de maïs nécessaires pour le ravitaillement quotidien des chevaux d’une armée.


On ne se contente plus aujourd’hui des chevaux pour assurer les transports de l’armée ; on utilise dans de larges proportions les moteurs mécaniques. Un peu négligés dans notre armée avant l’ouverture des hostilités, la guerre les a vite mis à leur vraie place, qui sera la première dans les guerres de l’avenir, — un avenir éloigné, il faut l’espérer. Je ne parle pas