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par notre alliance avec la Grande-Bretagne, nous a permis de tirer des riches provinces marocaines.

Des chevaux, une quantité considérable de grains nous ont été ainsi envoyés ; des milliers de peaux de moutons achetées sur place ont servi à préserver nos troupiers du froid et de la neige. L’automne pluvieux de 1914 faisait présager pour l’année suivante une abondante récolte. Cet espoir n’a pas été trompé, et l’approvisionnement en céréales de la métropole s’en est ressenti favorablement.

Peut-on craindre de voir se transformer à notre détriment cette situation si favorable ? L’avenir n’est à personne, a dit le poète, mais la victoire qui nous a donné tant de gages en Europe peut moins encore nous abandonner au Maroc !

Un incident qu’on eût qualifié de désastre, il y a quelques années, s’est produit auprès de Kénifra le 13 novembre 1914. Une colonne attaquée par Moha ou Hamou dans le voisinage du camp, perdit presque tous ses officiers et plusieurs centaines d’hommes. Cinq jours après, Kénifra était secouru et ravitaillé. Une autre semaine ne s’était pas écoulée que le général Henrys avec une forte colonne parcourait la région tout entière et pourchassait les rebelles. Cette surprise militaire n’a donc pas eu, grâce aux mesures prises, la moindre répercussion sur l’état politique du Protectorat.

L’événement malheureux de Kénifra aura seulement fourni la preuve décisive de la solidité de notre autorité. Car derrière la ligne ténue, mais suffisamment forte de nos postes-frontières, le pays continue non pas à végéter en attendant des jours meilleurs, mais à vivre, à progresser comme un jeune organisme sain.

Les grandes cités côtières ont en effet poursuivi, par ordre exprès du commissaire Résident général, l’exécution de leurs travaux, comme si la paix régnait encore. Rabat, Casablanca construisent leurs ports, leurs égouts, leurs adductions d’eaux. ; Elles se dotent de tout un réseau de rues larges et macadamisées. Les petites villes comme Kénitra suivent cet exemple. Le Protectorat a maintenu également ses chantiers de construction de routes, il en a même ouvert de nouveaux. Son réseau de tramways se complète : il dessert Fez depuis le mois de février 1915 et il se soudera bientôt à celui de l’Algérie.

Le Protectorat a même osé concevoir et pu mener à bien le projet d’une Exposition à Casablanca. Près de 200 000 personnes