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REVUE LITTÉRAIRE

LE ROMAN DE LA NEUTRALITÉ [1]

M. Benjamin Vallotton, romancier vaudois, avait publié une dizaine de volumes, très originaux, imparfaits : il vient de donner son chef-d’œuvre : Ce qu’en pense Potterat, petit roman qui d’abord se présente avec beaucoup de simplicité, qui même a l’air d’une plaisanterie, et qui tourne au grave, et qui aura, pour l’histoire de notre époque et pour l’histoire, sinon de la guerre, au moins de ses répercussions morales, une valeur de témoignage. Un Suisse, un neutre, y pose nettement la question de la neutralité, la résout à sa manière et, tenant compte des réalités autant que des principes, aboutit à des conclusions dignes d’intérêt, dignes de notre amitié. Ce Suisse est un ami de la France. Il l’a prouvé, depuis le début de la guerre, par une série d’articles qui ont paru dans la Gazette de Lausanne, maintenant réunis en un volume, A travers la France en guerre, bons articles, d’une loyauté manifeste : l’auteur ne se contente pas d’affirmer ses goûts français, de formuler sa foi en notre cause ; il possède les argumens de sa sympathie et de sa confiance, argumens que lui a fournis une enquête menée chez nous, parmi nous, au front et à l’intérieur de notre pays, argumens qui sont des faits. Son enquête n’a pas eu à le convertir ; mais elle a fixé sa préférence. Il avait jadis étudié en France, et aussi en Allemagne ; il a été longtemps professeur en Alsace : et, bref, il a bien vu, de près, les deux nations. Néanmoins, il est Vaudois et patriote suisse. N’allons pas le considérer comme un

  1. De la paix à la guerre. Ce qu’en pense Potterat, roman, par Benjamin Vallotton ; librairie Payot.