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L’IMPÉRATRICE
EN
VOILE BLANC

TSARSKOIÉ-SÉLO ET LES HOPITAUX DE SA MAJESTÉ
ALEXANDRA FÉODOROVNA

Les retentissans malheurs du peuple belge ont environné sa souveraine d’une éclatante lumière : on a noté ses gestes, enregistré ses paroles, suivi sa trace sur les chemins de l’exil. Jetée hors de son royaume, elle a été en quelque sorte projetée hors d’elle-même. Désormais elle ne s’appartient plus. Elle est entrée dans le symbole : comme Niobé, Hécube ou Antigone, elle personnifie devant l’Histoire un des mille aspects de la Douleur.

Par un émouvant contraste, à mesure que la noble figure de la reine des Belges s’affirmait davantage, celle de l’impératrice de Russie semblait s’effacer et comme se perdre dans une sorte de demi-jour mystérieux. C’est que chacune des deux souveraines, avec un tact admirablement féminin, a su s’adapter au rôle que les circonstances lui dictaient. Autant celui d’Elisabeth de Belgique comportait d’activité, d’expansion, de qualités presque viriles, autant celui d’Alexandra Féodorovna de Russie exigeait de reploiement sur soi-même, de silence et presque de recueillement.

Tandis qu’Elisabeth accompagnait, dirigeait et organisait