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quinze jours, si des trains entiers de chemins de fer n’étaient partis sans cesse de la station la plus voisine, chargés de ses volailles, de ses légumes, de ses fruits, de ses fleurs, aussi bien que de ses grains, de son bétail ou de son vin.

Plus les moyens de transport étaient, en temps de paix, mêlés à notre vie, plus leur collaboration nous était indispensable et plus rude fut le coup que leur paralysie, leur disparition partielle nous porta. Leur prix était une portion du prix de chaque chose, portion si réduite que, sur mer et généralement par eau, sur les fleuves et les canaux, on voiturait mille kilos de marchandises pour quelques demi-centimes par kilomètre. Aujourd’hui, les frets maritimes ont sextuplé, octuplé, décuplé ; le tarif de la navigation fluviale n’a modestement augmenté que du triple : de Rouen à Paris, ce qui coûtait 3 francs avant la guerre se paie 9 fr. 75. Les tarifs des chemins de fer n’ont pas augmenté ; mais on ne trouve plus ni péniches, ni wagons.

Certaines routes internationales sont barrées : la moitié de la consommation française en pétroles venait de Russie et de Roumanie ; depuis la fermeture des Dardanelles, nous importons exclusivement des Etats-Unis, moyennant un fret de 140 shillings la tonne, au lieu de 15 shillings autrefois. Essences et huiles lampantes nous arrivent prêtes à être livrées à la vente, — le raffinage, aux prix actuels du charbon et de l’acide sulfurique, serait ruineux pour l’industrie privée. — Seul, l’Etat importe du pétrole brut de Bornéo, parce que l’on s’est aperçu, en Angleterre d’abord, puis en France, sur les indications de la maison Deutsch de la Meurthe, que cette huile malaise contenait environ 7 pour 400 de toluène, propre à la fabrication des explosifs.

Tandis que l’éclairage enchérissait dans les campagnes par la hausse du pétrole et de la bougie (celle-ci montait de 50 pour 100), il demeurait sans variations dans les villes, où le gaz et l’électricité n’avaient pas changé de prix..., du moins pour les consommateurs. Les Compagnies, que des contrats obligeaient à fournir suivant un tarif déterminé, eurent à supporter de ce chef des pertes importantes ; quelques-unes se virent menacées de liquidation. Pour les Sociétés électriques qui produisent exclusivement l’énergie avec la houille, l’augmentation seule du charbon est plus grande que le prix