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Pour rendre à l’Angleterre et à nous-mêmes blocus pour blocus, les Allemands, dont les bâtimens de surface ne sauraient, même momentanément, être maîtres de la mer, prétendent rendre intenables les eaux des alliés de l’Ouest, d’une part en y multipliant les attaques de sous-marins, de l’autre en y semant des mines automatiques, non plus des mines fixes, retenues sur le fond par des crapauds de mouillage auxquels les relient un câble en acier ou une chaine, mais des mines libres, abandonnées au fil de l’eau et qui errent inertes, aveugles, jusqu’au moment où une carène quelconque, amie, neutre ou ennemie, vient les heurter.

Occupons-nous d’abord de la multiplication des attaques de sous-marins. Deux moyens se présentaient à l’esprit de nos adversaires pour obtenir ce résultat : multiplier l’engin lui-même en le laissant tel qu’il était dans la première phase de la guerre sous-marine, c’est-à-dire avec le déplacement maximum de 800 tonnes environ en surface et 1 100 ou 1 200 en plongée, ou bien le rendre beaucoup plus puissant, plus « offensif, » plus destructeur, en somme, en augmentant son déplacement, ce qui permettait de lui donner plus de vitesse, un plus grand rayon d’action, 4 canons au lieu de 1 ou 2, 4 tubes et de 8 à 12 torpilles, au lieu de 2 ou 3 avec 6 torpilles, au plus.

C’est à ce dernier parti que l’on s’est arrêté dans les conseils le la marine allemande, et peut-être a-t-on eu raison.

A se borner, en effet, à multiplier les exemplaires du type U21 ou du type U28’, il y avait l’avantage de peu donner au hasard, puisque ces types avaient fait leurs preuves, et aussi celui, au cas de destruction, de limiter l’étendue de la perte, en personnel comme en matériel. Mais il y avait de sérieux inconvéniens. D’abord il fallait multiplier, au préalable, les cales et les chantiers de construction, assez étroitement spécialisés ; il fallait demander aux usines allemandes, suisses, danoises, suédoises, un très grand nombre de moteurs fort délicats, dont la production ne peut guère être « intensifiée » sans risques sérieux, au point de vue de la solidité et de la sûreté de fonctionnement ; il fallait surtout créer de nombreux équipages et former rapidement, — car la consommation était grande, fréquentes étaient les captures et encore plus les « disparitions, » — des commandans, des officiers, des mécaniciens capables de bien manœuvrer un sous-marin, de lui