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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/636

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conviendrait de pousser avec la plus grande activité, non seulement la construction des petites unités militaires, qui se révèlent si précieuses, si constamment utiles dans la guerre maritime actuelle, si parfaitement adaptées à toutes les exigences, mais aussi celle des navires marchands ; et avec la construction neuve, les réparations, les refontes, les transformations. On sait quelle est l’acuité de la crise des frets et des transports maritimes ; on sait que beaucoup de paquebots et de cargo-boats sont employés directement par les marines militaires ; on sait aussi, — des chiffres ont été publiés qui étaient plutôt au-dessous qu’au-dessus de la vérité, — que la liste est déjà longue des navires marchands anglais, alliés et neutres même, qui ont été victimes des procédés actuels de la guerre navale, telle que l’entendent nos adversaires. Nos achats et nos locations, les réquisitions et confiscations effectuées dernièrement dans certains pays qui sont venus ou qui vont venir à nous, peuvent fort bien ne pas suffire à des besoins sans cesse grandissans. Hâtons-nous donc de construire, mais, en construisant promptement des bâtimens neufs, ne laissons pas d’en adapter les formes, les machines, les facultés aux exigences nouvelles. C’est le cas ou jamais de faire appel à l’imagination ; c’est le cas d’innover et de créer. Réduire le plus possible, — ce ne sera jamais assez ! — les tirans d’eau ; se résigner à diminuer beaucoup les tonnages pour diminuer la portée des pertes qu’il faut prévoir encore ; adopter en revanche les moteurs à combustion interne, très économiques et qui laissent au chargement plus de place que les machines à vapeur ; s’ingénier enfin à défendre le bâtiment contre la trop rapide invasion de l’eau, en cas d’avarie de la coque plongée, et assurer ainsi au personnel plus de chances d’échapper à la catastrophe, tels sont les linéamens essentiels, les principaux articles d’un programme qui mérite, je crois, de retenir l’attention des architectes navals.

Que l’on ne dise pas que la guerre sera finie quand des navires répondant à ce programme pourront être achevés. Qu’en sait-on ? Qui oserait affirmer que la paix sera rétablie dans six mois, dans un an ? Et qui, plus audacieux encore ou plus imprévoyant, voudrait jurer que cette paix durera au delà de l’existence d’un paquebot en fer, bien construit ?

Prétendra-t-on enfin, — car tout est prétexte pour l’insouciance,