solutions possibles et dont le gouvernement sera juge. — Ou bien mobiliser, créer en quelque sorte chez nous une industrie des machines agricoles à qui on fournira le personnel et les matières premières nécessaires : nos constructeurs d’automobiles fourniraient une trame toute tissée, une base toute faite, admirablement préparée et parfaitement outillée à cet effet, pour cette fabrication intense des munitions agricoles. Ou bien importer des machines de l’extérieur. Et alors, le seul pays auquel nous puissions nous adresser, ce sont les États-Unis dont la production est intense dans ce domaine ainsi qu’il résulte des constatations de la mission Damour. Mais alors il ne faudra pas adopter au hasard la plupart des types de tracteurs américains faits pour les cultures extensives des États-Unis, mais qui ne conviendraient nullement aux cultures intensives de chez nous. Je ne sais ce qu’il en est des Pyrénées, mais en fait d’agriculture on peut dire parfois sans ironie : « Vérité en deçà de l’Atlantique, erreur au delà. »
Voilà pour aujourd’hui. Pour demain le problème est analogue quoiqu’un peu différent : on a suggéré d’employer comme tracteurs agricoles, après les avoir modifiés comme il convient, tous les camions automobiles de l’armée que la paix rendra disponibles. Ce projet a soulevé des enthousiasmes et aussi des objections. Dans tout cela je ne me prononce pas, ayant uniquement en vue de poser les problèmes, non de les résoudre dans un sens ou dans l’autre. Mais un problème bien posé n’est-il pas aux trois quarts résolu ? — Que cette solution soit adoptée demain, elle ne sera jamais qu’un expédient momentané, car il faudra renouveler et améliorer ces tracteurs improvisés, et les remplacer. Ici alors, la question ne se pose plus de savoir si l’on importera ou si l’on fabriquera chez nous. Notre industrie automobile a fait assez brillamment ses preuves dans le monde pour que nous ne doutions point que, reconstituée et travaillant librement, elle n’impose par sa seule activité intelligemment dirigée cette seconde solution. Est-ce à dire qu’il n’y aura rien d’autre à faire ? Non assurément : afin de rendre la motoculture française assez économique pour être très rémunératrice, il faudra se préoccuper avant tout, soit de produire industriellement chez nous un carburant d’un prix inférieur à l’essence de pétrole, soit de dégrever celle-ci, pour les besoins particuliers de l’agriculture et sous des formes à étudier, des droits énormes qui la frappent. Des mesures gouvernementales et législatives y pourront pourvoir, qu’il n’est point dans mon rôle d’exposer et de suggérer.
En tout cas, et pour nous résumer, il semble évident que le salut